Écrits jamais ne me satisfont, mais sans eux je serais fermé comme une huître plate. Vérités proclamées je ne sais (et pour dire vrai, je m’en méfie). Erreurs sortent à foison de paroles, mais les mettre à jour sur un cahier quadrillé et s’en moquer, est un plaisir.
Ouvrir les choses, plus que les découvrir, disait Pierre Bayle1 (1747-1706) qui dut s’exiler en Hollande pour poursuivre ses recherches sur les non-vérités que professait l’Église pas catholique, l’institution qui ne badinait pas avec le dogme religieux. (Tu abjures ou c’est le bûcher).
Écrits jamais ne me satisfont, mais les essayer, les passer à la plume exempte de toute épée, me donne la lenteur et la persévérance nécessaires pour déchiffrer un texte qui peu à peu figure une lecture articulant cris et silences, rires et pleurs, vide et non-vide. Pages où passent le noir des lettres faisant mots, tourbillon d’hilarité et d’horreur, 2 métaphores qui viennent par imitation ou par hasard : l’hydre univers du père Hugo qui ravissait Borges, ou bien des poupées baignant dans les couleurs immatérielles des années pour le sublime narrateur promenant sa lanterne magique sur le Temps retrouvé. 3
Écrits issus du palimpseste personnel d’un dévoreur de livres qui lentement las de s’empoisonner dans le grand pré mal fleuri de sa vie murmure et remurmure ses derniers mots en demi-teinte : écrire, en définitive, c’est aller à la rencontre d’un lecteur qui va, ou non, exister.
1 Né au Carla, en Ariège, à quelques lieux de mon village natal. 2 Jérôme Peignot Les jeux de l’amour et du langage 3 Marcel Proust et son « bal de têtes ».
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