AU GALOP
« Quand j’écris au galop, je n’ose pas me relire. » Marcel Proust
Ça s’écrit par fragments, par morceaux, désunis au premier abord.
Ça s’écrit à jets continus, uniquement la nuit.
Le jour c’est interdit.
Ça s’écrit sur de petits bouts de papier que l’on déchire ensuite à la main
et que l’on destine, imaginairement, à la lunette nommée kaléidoscope.
Ce qui nécessite – soi-dit en passant – une lecture à nulle autre pareille :
Secouez, oubliez vos tics de lecteurs ne lisant que du bout des yeux,
Et, encore mieux, prenez en main, vous aussi, votre plume,
au lieu de chercher à dormir la nuit, à tout prix.
« Ajoutez quelque part », votre fragment, votre pièce, votre ajoutage.
Il n’est pas nécessaire de vous relire…

REVIVIFIANTE VERTU
Il y a dans notre existence des points temporels qui conservent, avec une distincte prééminence, une revivifiante vertu. William Wordsworth (1770-1850)
Pourquoi je veille en lisant, en écrivant, en dessinant, en faisant des signes au pinceau qui ressemblent à du chinois et que je nomme hypnographies ? Je veille chaque nuit pour faire des points d’étape d’une vie singulière et commune, pour conserver la capacité, me remémorant d’épisodes joyeux ou hachés de douleurs, de me revivifier, fuyant l’ego, le ressassement, le vieillissement du langage de mes années perdues.