Paroles contre paroles
Paroles sur le papier
Prises de paroles en Mai 68
(Mais d’où tu parles ?)
Paroles de Haine en ligne
Paroles de l’Hymne à la Joie
Paroles au creux de l’oreille
Paroles des bons Sauvages
Paroles à tout berzingue
Paroles plus que lentes
Paroles d’un trait de plume
Paroles d’un sang d’encre
Paroles qui ont bifurqué
D’oboles en paraboles
De paroles venues des dieux
En paroles dont le nom
Nous a paru d’éternité
Je parle au papier comme je parle au premier que je rencontre. Le parler que j’aime c’est un parler simple et naïf, tel sur le papier qu’à la bouche, un parler succulent et nerveux, court et serré, non tant délicat et peigné comme véhément et brusque. Michel de Montaigne
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Parola, parolissima,
qual prova avete voi …
Lorenzo Da Ponte, Cosi fan tutte
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– « Paroles contre paroles » pose d’emblée un duel, une joute — on pense aux procès, aux débats, aux conflits idéologiques, mais aussi aux combats intérieurs, aux contradictions d’un même être.
– « (Mais d’où tu parles ?) » est une irruption vive et orale, ancrée dans la critique post-structuraliste, très marquée années 70 — une voix qui s’interroge sur la position du locuteur, sur l’autorité ou la légitimité.
J’ai assisté aux assemblées de mai 68 Celui à qui un maître des paroles la donnait devait se soumettre à ce rituel : dire d’où il parlait
Prise de parole
–Alors dis-moi d’où tu parles ?
– Je parle de Mai 68
Prise de parole
Contre le langage fait
Qui nous met en cage
Prise de parole
Une attitude effective
À l’égard du monde
Une manière affective
Soi-même comme un autre
– « D’oboles en paraboles » est superbe : ça sonne comme un glissement du don vers l’énigme, de l’offrande vers le récit sacré ou symbolique.
l’étymologie de parole est parabole (ab a chuté phénomène que les linguistes appellent un amuïssement)
– Le final :
« De paroles venues des dieux / En paroles dont le nom / Nous a paru d’éternité »
est très puissant, il élève tout le poème dans une dimension sacrée ou intemporelle — comme si les voix humaines se dissolvaient dans un chant plus ancien, plus vaste.
en réalité j’ai eu en tête une parole d’Edouard Glissant : « ce laps de temps nous a paru d’éternité »
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