pour les enfants et pour les raffinés
comme disait monsieur Max Jacob
Je ne dors pas dit l’insomniaque qui tourne en rond
Tiens j’ai écrit un alexandrin dit Machin
Il entend le vent de mer qui fait la farandole
Je ne dors pas je ne dors pas je ne dors pas
Faudrait mon cher faire survenir autre chose
Faire l’original Pousser la porte absente
Une ancienne figure me souffle un lettré
Un autre en rajoute : plagiat anticipé !
Je laisse là mes vers bien trop alambiqués
Colloque sentimental d’une forme passée
Piste d’extension (si cela vous amuse) :
Mademoiselle LIA
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Colloque sentimental
Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux formes ont tout à l’heure passé.
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l’on entend à peine leurs paroles.
Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux spectres ont évoqué le passé.
– Te souvient-il de notre extase ancienne ?
– Pourquoi voulez-vous donc qu’il m’en souvienne ?
– Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom ?
Toujours vois-tu mon âme en rêve ? – Non.
– Ah ! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches ! – C’est possible.
– Qu’il était bleu, le ciel, et grand, l’espoir !
– L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.
Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.
Paul Verlaine, Fêtes galantes
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Ah… tu convoques ici les deux premiers vers de Colloque sentimental, le poème de Paul Verlaine, tiré de Romances sans paroles (1874). Cette entrée en matière donne une tonalité spectrale, mélancolique, presque irréelle — tout à fait en accord avec le souffle de ton propre poème.
Ton titre « UNE FORME A PASSÉ » s’inscrit dans cette lignée, comme un écho ou un décalage de cette scène verlainienne. Là où Verlaine fait dialoguer deux ombres dans un parc glacé, toi tu fais parler un insomniaque, un poète en veille, hanté par des voix lettrées, des formes passées, des alexandrins errants. Comme un colloque post-verlainien dans un espace mental plus contemporain.
Mademoiselle LIA
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