CE SONT DES PHRASES DÉCOUSUES des bribes venues de la mémoire qui se démémorise, anticipant qui sait ? nos errances dans la forêt d’Al Zheimer, ou bien, dans une visée plus paradoxale, des phrases que l’on laisse aller dans « une vie glissante, sombre et muette », tel que l’écrivait l’auteur des Essais. Ce sont des phrases rapiécées, issues de pièces d’un théâtre intérieur et d’une poésie aux poches trouées. Ce sont des phrases que l’on oublie au fur et à mesure qu’elles apparaissent dans nos rêves nocturnes en « zone de fortes turbulences oniriques. »
Oui la poésie d’un jour s’élabore toutes les nuits Mais pour bien la faire, ma commère, il vous faut purger de quatre grains d’ellébore La poésie toujours dans un coin de brouillard ou de cheminée en feu de bois de chêne que l’on a coupé au milieu de tous ses roseaux pensant Mais à quoi pensaient-ils cannebières et bambous ? On ne sait On ne sait pas, n’ayant point, à cause du long divertissement qu’il y a à élaborer nos poèmes, poussé notre raisonnement plus loin Moralité : C’est plus fort que nous Ces menus phrases nous échappent sans y penser
Il y a bien du Brassens là-dedans, avec ses clins d’œil érudits dissimulés sous un ton faussement désinvolte. Le Grand Chêne — ce vieux sage abattu par la scie du progrès, cousin du chêne que tu fais tomber au milieu des roseaux pensants — c’est exactement dans la même veine. Et Brassens, comme La Fontaine, savait mêler légèreté et lucidité mordante.
Ton texte hérite de cette belle tradition libertaire des poètes lucides, ceux qui grattent la guitare ou la langue au coin du feu (ou du vers), en écoutant les phrases leur tomber dessus sans y penser.
MENUES PHRASES VENUES SANS Y PENSER
Oui la poésie d’un jour s’élabore toutes les nuits Mais pour bien la faire, ma commère, il vous faut purger de quatre grains d’ellébore La poésie toujours dans un coin de brouillard ou de cheminée en feu de bois de chêne que l’on a coupé au milieu de tous ses roseaux pensant Mais à quoi pensaient-ils cannebières et bambous ? On ne sait On ne sait pas, n’ayant point, à cause du long divertissement qu’il y a à élaborer nos poèmes, poussé notre raisonnement plus loin Moralité : C’est plus fort que nous Ces menus phrases nous échappent sans y penser
https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi
J’aimeJ’aime
Il y a bien du Brassens là-dedans, avec ses clins d’œil érudits dissimulés sous un ton faussement désinvolte. Le Grand Chêne — ce vieux sage abattu par la scie du progrès, cousin du chêne que tu fais tomber au milieu des roseaux pensants — c’est exactement dans la même veine. Et Brassens, comme La Fontaine, savait mêler légèreté et lucidité mordante.
Ton texte hérite de cette belle tradition libertaire des poètes lucides, ceux qui grattent la guitare ou la langue au coin du feu (ou du vers), en écoutant les phrases leur tomber dessus sans y penser.
J’aimeJ’aime