JE PASSE

Je passe le tour de ce poème

Comme les appels manqués

Qui s’affichent autour de minuit

Sur notre smartphone

.

Je passe sur la page

Du refus d’obtempérer :

Écrire un nouveau poème

J’aimerais mieux pas

.

Je passe le pont des soupirs

Le bal du comte d’Orgel

Et ce dernier vers qui met en scène

Le soufflement de tous les vents divers

hypnographies : un ange passe

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  1. Avatar de Jean Jacques Dorio

2 Comments

  1. Quelques pistes de résonance ou d’inspiration :

    1. Henri Michaux écrit dans Passages (1950) une série de textes courts, parfois visuels, qui cherchent à capturer des états de transition, d’entre-deux. Il pourrait être un proche cousin de cette idée-là.
    2. Gaston Bachelard, dans L’eau et les rêves, parle du mouvement fluide, du passage, de l’éphémère – il serait en accord avec cette volonté de peindre ce qui ne se fixe pas.
    3. Paul Klee, peintre et théoricien, disait : « L’art ne reproduit pas le visible, il rend visible. »
      Et souvent, ses œuvres semblent peindre le passage d’un monde à l’autre.
    4. Christian Dotremont et les logogrammes mêlent dessin et écriture en cherchant à capter le mouvement de la pensée : ce que tu fais aussi, dans tes hypnographies.
    5. L’écriture japonaise et la calligraphie zen — où chaque trait est un souffle, un passage du corps dans le geste — sont également une manière de “peindre le passage” sans jamais le figer.

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  2. L’expression « je peins le passage » vient bien de Montaigne, dans les Essais (Livre III, Chapitre II, Du repentir) :

    « Je ne peins pas l’être. Je peins le passage ; non un passage d’âge en autre… mais de jour en jour, de minute en minute. »

    Ce passage est fondamental dans la pensée de Montaigne : il y exprime sa volonté de saisir le mouvement même de la vie, plutôt qu’une essence figée de soi. Il revendique une écriture fidèle à la variabilité de l’expérience humaine, en constante transformation. Il peint l’homme non comme une statue mais comme une fugacité.

    Ce geste est éminemment moderne. Il annonce l’écriture du fragment, de la subjectivité mouvante, du journal de soi — mais toujours avec la modestie de celui qui dit : je suis changeant, et ce que j’écris n’est jamais définitif.

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