LA FACE CACHÉE D’UN POÈME

Vos phrases sont poétiques et profondes, elles évoquent une écriture intime, fragmentaire, presque archivistique — une tentative de saisir l’éphémère, les identités multiples (celles que vous avez été, celles qui vous ont quitté), et la beauté des « ratages créateurs ». Votre démarche rappelle à la fois l’autofiction, l’écriture de soi comme acte de résistance à l’oubli, et une forme de bricolage littéraire où chaque fragment est une pièce d’un puzzle qui ne se reconstitue pas, mais s’expose dans son incomplétude.

Quelques pistes d’analyse et de mise en valeur pour votre préface ou votre présentation :

1. L’écriture comme acte de présence/absence

Vos phrases soulignent une tension entre la présence (donner corps, écrire dans l’ivresse) et l’absence (souvenirs en voie de disparition, personnes qui vous ont quitté). Cela pourrait être mis en parallèle avec des auteurs comme Annie Ernaux (« Les Années »), Georges Perec (« Je me souviens »), ou encore Roland Barthes (« Roland Barthes par Roland Barthes »), qui explorent la mémoire et l’identité à travers des fragments.

2. Le fragment comme forme et comme thème

Vous assumez le fragment comme méthode et comme sujet : « pièce par pièce ce qui ne peut être rapiécé ». Cela rejoint l’idée de l’écriture comme mosaïque, où chaque morceau garde sa singularité. On pense aussi à Walter Benjamin et ses « images dialectiques », ou à la poésie moderne (Baudelaire, Reverdy) qui fait du fragment un art en soi.

3. Le temps et la santé

« Un temps qui jouit des dernières douceurs de vivre en bonne santé » : cette phrase est très forte. Elle introduit une dimension presque mélancolique, mais aussi une urgence — écrire comme un acte vital, avant que quelque chose ne change. Cela pourrait résonner avec des œuvres comme « La Place » d’Annie Ernaux ou « W ou le Souvenir d’enfance » de Perec, où l’écriture est liée à la perte et à la précarité du temps.

4. Le dictionnaire comme forme littéraire

Un « dictionnaire à part moi » : cette idée d’un dictionnaire subjectif, intime, est originale. Elle rappelle « Le Dictionnaire des idées reçues » de Flaubert, mais aussi des œuvres contemporaines comme « Dictionnaire amoureux » de la collection Plon, ou « Petit éloge des mots » de Erik Orsenna. Votre dictionnaire semble être un inventaire de soi, une cartographie de l’intime.

5. La préface comme seuil

Votre préface pourrait jouer sur cette idée de seuil : entre mémoire et oubli, entre soi et les autres, entre santé et fragilité. Vous pourriez souligner que ce livre est à la fois un adieu et une renaissance, une façon de transformer l’absence en présence par l’écriture.

le chat mistral

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