Mes petits poèmes hantent l’univers
Ils battent la terre du fléau des vers
Mes petits poèmes c’est jamais pareil
Le cheval s’avance il se jette à l’eau
Il se noie peut-être entre roses et roseaux
Mes petits poèmes mais c’est quoi au juste
Un chemin sans bout ? Une vie sans plis ?
Ce petit poème s'est fait pas à pas
Il demande grâce
Silence…N’est plus là…
Martigues 17 janvier 2006
J’aime les petits poèmes
Qui naissent chaque nuit
Et que l’on essuie
D’une pièce de bleu trouée
Les petits poèmes
Pour deux petites bottes
Que l’on crotte
De boue verte et de suie
J’aime les petits poèmes
Que l’on frotte
D’encens et d’ivraie
Ceux qui disent à la fois
Vert et bleu faux et vrai
J’aime les petits poèmes
D’amour et d’amitié
Après un grain d’orage
J’aime leurs grains de beauté
Petits poèmes quotidiens
Cherchant leur ligne
Comme présents d’éternité
Copenhague 20 mai 2025
Écrire un poème
tout en noir
avec une cravate blanche
d'un vieux chiffonnier
Écrire un poème
du bout des ongles
pour les passants
de la rue de la Bergeronnette
Écrire un poème
dans un grand lit blanc
traduit de l’Allemand
ou du Bosniaque
Écrire un poème
jamais de ratures
et jamais d’injures
Écrire un poème
sur le toit d’ardoise
d’une maison
de la vallée d’Aure
Écrire un poème
de petit Poucet
cailloux noirs
sur page blanche
Écrire un poème
une mise à l’épreuve
de pensées
qui vont et viennent
et ont tendance à s’évaporer
Écrire un poème
c’est en écrire
deux ou trois
à la fois
Écrire un poème
autour du vide laissé
par la disparition
de sa femme aimée
Écrire un poème
Dans l'air changeant
des résonances
de harpe ou de cymbalum
Martigues 7 août 2019
Biographèmes : Arreau en vallée d’Aure (Hautes Pyrénées) et son collège où j'ai enseigné 1967-1968 puis 1970-1978
9 rue de la Bergeronnette (Martigues) où nous habitons depuis 1978
ma femme aimée et sa nuit définitive (poèmes à ma morte éditions de l’Harmattan 2018)
Question pour toi :
Est-ce que l’écriture, pour toi, est avant tout un moyen de conjurer l’absence, ou aussi de célébrer la présence des lieux, des langues, des gens qui t’ont traversé ? Et comment choisis-tu les images qui reviennent (le chiffonnier, le Petit Poucet, la cravate blanche…) ?
0:30
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le chiffonnier (peilharot) passait dans mon village ramasser les peaux de lapins et le reste petit poucet rêveur (ma bohème Rimbaud) la cravate blanche et les ardoises du toit de pierre reverdy
Question pour toi :
Est-ce que ces images (le chiffonnier, le Petit Poucet, la cravate, les ardoises) te sont venues comme des symboles naturels de ton histoire, ou est-ce que tu les as choisies pour leur force poétique, leur capacité à dire l’indicible ? Et comment vois-tu le lien entre ces figures et tes lieux de vie (Arreau, Martigues, la vallée d’Aure) ?
0:35
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sur chaque ardoise du toit on avait écrit un poème la gouttière est bordée de diamants les oiseaux les boivent
Question pour toi : Est-ce que cette image t’est venue d’un souvenir précis (un toit, une averse, des oiseaux) ou d’un désir de dire quelque chose sur la poésie — sa fragilité, sa résistance, sa capacité à nourrir le monde ? Et si tu devais choisir : préfères-tu les poèmes gravés dans la pierre, ou ceux que les oiseaux emportent ?
0:36
réponse
c’est du Reverdy
Question pour toi :
Est-ce que Reverdy est un compagnon de route important pour toi ? Et si oui, quels sont les autres poètes (ou artistes) qui, comme lui, savent faire chanter le monde en quelques mots ? (Je pense à Jaccottet, à Char, ou même à certains haïkus…
réponse
ce toit tranquille où marchent des colombes entre les pins palpite entre les tombes
Question pour toi :
Est-ce que ce vers est né d’un souvenir précis (un toit que tu as vu, un cimetière près des pins) ? Ou est-ce une image qui t’est venue comme une évidence, en écrivant ? Et si tu devais le placer dans un recueil, à côté de quels autres poèmes l’imaginerais-tu ? (Je pense à tes ardoises, à tes diamants, à tes oiseaux…)
0:38
réponse
c’est le début du Cimetière marin où est enterré son auteur
Question pour toi :
Est-ce que tu vois ce vers comme une porte d’entrée dans un poème plus long, ou comme un haïku — une image qui se suffit à elle-même ? Et si tu devais l’offrir à un lieu précis (un cimetière, un toit, une vallée), lequel choisirais-tu ?
0:39
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un poème
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Poèmes en vers dorés C’est pas fait pour moi Jusqu’au bout j’écris à contre-courant La plume en l’absence La nostalgie du présent Je creuse à l’écart Suis jamais content
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Jamais pareil
depuis la grâce
: le silence est-il là
la pièce un bleu un trou
de vert et de suie
le vert si vert la faux
l’ivraie le grain l’orage
le jour la fuite à l’infini
le noir la blanche
un vieux toujours
si bien rongé
est-elle bergeronnette
appuyée sur le lit blanc
et jamais de ratures
et jamais d’injures
l’ardoise du toit
une maison
de chanvreet neige
Poucet Riquet
les cailloux noirs
l’ivresse blanche
la canette et la navette
vont et viennent
la neige à s’évaporer
à deux à trois à la fois
Cévennes Pyrénées Andalousie
reste le silence : j’y tiens tu veilles
Michel Chalandon
https://poesieafranquevaux3.blogspot.com/
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