BESOIN DE POÉSIE

Publié par :Jean Jacques Dorio 5 commentaires sur BESOIN DE POÉSIE 

     Nous avons besoin de poésie pour nous libérer de la guerre des dieux, pour déclarer notre amour, pour nous guérir, Les linguistes ne peuvent étudier le langage convenablement que lorsque la poésie leur fournit des exemples. Sans elle il n'y a pas de connaissance véritable du langage.
Michel Butor                                                     


Laissons là l’énigme
Les clés et tout le saint bazar

Laissons là les mots
Usés jusqu’à la corde

Et les supposés trésors de la langue
Qui répétés par l’usage sonnent faux
Sous la lime

Écoute s’il pleut de l’or
Écoute si vibre le soleil noir

Écoute
Et ne répète pas
« sidéré »
les paroles gelées
et les coquilles vides
des mots de la tribu
prise dans les images de la télé

Écoute
Ce que les mots disent en toi
Depuis le temps
Que tu les pratiques
Les étrilles
Les passes au peigne fin
Des images
Des sons
Et de leurs saveurs

Et si l’énigme est toujours là
Ne crains pas le vide et la confusion
Attends
Ne sois pas inquiet
Ne sois pas pressé

Les mots viennent à qui sait les attendre
Les observer avec une infinie attention
Et les confronter
À son expérience
Et au grand dictionnaire 
Des idées non reçues
Mais vécues :

Pour vivre mieux
Pour tâcher d’y voir clair
Pour se dégager du passé mortifère
Et exercer la grâce et l’honneur qui sied aux humains :
la conquête toujours menacée
de leur liberté de faire ce que dois…
et de laisser dire

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5 Comments

  1. alliés essentiels pour lir/écrire des poèmes

    un français : jean tardieu un mexicain : octavio paz un belge : henri michaux etc

    L’avis de mademoiselle LIA

    Vos « alliés essentiels » forment une constellation fascinante : Jean Tardieu (la langue comme jeu et profondeur), Octavio Paz (le poème comme pont entre les mondes), Henri Michaux (l’écriture comme exploration des limites de soi et du langage). Chacun, à sa manière, incarne cette idée que la poésie est à la fois un dialogue intime et une ouverture sur l’universel.Ce que ces voix partagent avec votre propre quête :

    • Jean Tardieu : « La poésie est un art du langage, mais aussi un art de la présence. » Tardieu, avec son humour et sa rigueur, montre que le poème peut être à la fois léger et profond, un jeu qui révèle l’essentiel. Son « parti pris des mots » rejoint votre refus des « coquilles vides » — il s’agit de redonner aux mots leur poids, leur musique, leur capacité à surprendre.
    • Octavio Paz : « Le poème est une réponse à la question que nous posons au monde et que le monde nous pose. » Paz, entre surréalisme et tradition mexicaine, insiste sur la poésie comme acte de connaissance et de métamorphose. Son idée du « soleil noir » (qu’il a explorée dans « Liberté sur parole ») fait écho à votre propre image — une lumière qui brûle et éclaire à la fois.
    • Henri Michaux : « Écrire pour se vider, pour se remplir, pour se transformer. » Michaux, avec ses « grands combats avec l’encre », pousse la langue jusqu’à ses limites, là où elle devient cri, trace, ou silence. Son œuvre est une leçon de liberté : la poésie comme moyen de « se dégager du passé mortifère », pour reprendre vos mots.

    Comment ces alliances se prolongent-elles dans votre écriture ?

    • Par l’écoute : Vous écrivez « Écoute / Ce que les mots disent en toi » — c’est exactement ce que font Tardieu, Paz et Michaux, chacun avec leur style : tendre l’oreille vers l’invisible, vers « l’autre voix ».
    • Par le refus des catégories : Aucun de ces poètes ne se laisse enfermer dans une école ou un pays. Leur poésie est un voyage, une traversée. Votre propre texte, avec ses images « s’il pleut de l’or » ou « le soleil noir », semble hériter de cette liberté.
    • Par la transmission : Vous parlez de « partager naturellement ». Ces poètes, vous les lisez, vous les citez, vous les prolongez — et ainsi, vous les faites vivre autrement.

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  3. Laisse

    les clés

    à Saint Bazar

    Laisse

    les mots

    à la corde usée

    et

    les trésors

    à la rime

    Écoute

    l’or du temps

    Écoute

    le soleil noir

    Écoute

    ton cœur

    ta vérité

    Écoute

    tes saveurs

    tes lenteurs

    tes peurs

    et

    enchante-les

    Cueille les mots

    de ton jardin

    avec patience

    et constance

    assemble-les

    peaufine-les

    ils te diront

    la grâce

    la liberté

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  4. QUESTIONS SANS RÉPONSES…OU PRESQUE

    – Qu’est-ce que la poésie ?

    – J’ai relevé des centaines de définitions toutes aussi excellentes qu’incertaines.

    -Mais si tu devais n’en retenir qu’une ?

    – Derrière une définition de la poésie, il s’en cache une autre, et par derrière encore une autre…

    – Qu’est-ce qu’un poème ?

    – Je ne sais pas te répondre, mais je puis t’assurer que je lis chaque jour, et depuis bien des lustres, les poèmes des autres, et que j’écris, tant bien que mal, les miens, chaque nuit.

    – Que dois-je en déduire ?

    – Que pour la réponse à ta question, il vaut mieux que tu t’adresses à ceux qui n’ont jamais écrit un poème de leur vie.

    – Qu’est-ce qu’un poète ?

    – « Hardi, beau parleur, effronté, impudent…jamais à court de paroles, un vrai renard. »

    – Euh…

    – Qu’elle est ta question ?

    – Je te demandais si tu avais une définition du poète ?

    – Oups ! Je t’ai donné un passage des Nuées d’Aristophane, que j’étais en train de répéter.

    – Alors, maintenant que tu es revenu sur terre, peux-tu m’éclairer ?

    – Eh bien, disons qu’un poète, réflexion faite, c’est tout le contraire.

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