POÈME SANS JE

Poème sans je

Venu sur cette feuille

Comme un songe

Sans je mais non sans jeu

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Une songerie surgie

De l’écume des nuits

Des rimes et des vers

Offerts par des poètes

Qui sont le bon temps de la vie

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C’est trop beau pour être vrai

C’est poésie méthode Ray

(qu’est ce qu’on attend pour être heureux)

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C’est ce que vous voulez

Ces mots sur cette feuille

Couchés à la bonne heure

Hors Je

HEURES EXQUISES

Il est une heure exquise à l’approche de vers

Forgés et publiés au siècle dix neuf

Par des magistrats, avocats, journalistes,

Disparus des radars aujourd’hui.

Pour l’un c’est la mémoration des corolles fanées

Pour un autre le charme amer des choses qui vont finir

Libres senteurs et francs maçons ils brisent volontiers pattes et vertèbres aux bourgeois

Aiment les dames de Paris trottinant par les boulevards gris

Et dans leurs vers à trous ils font chanter de l’ombre

ENFIN SEUL

Sur un petit bout de page

À une heure du matin

Enfin seul ! écrivait Baudelaire

Enfin sans les tyrans et les mégères de l’Assemblée qui ont couvert de crachats verbaux durant une heure et demi le premier ministre homme de bonne volonté durant sa déclaration de politique générale

Enfin je vais chercher à produire quelques beaux vers qui me prouvent que je ne suis pas inférieur à ceux et celles que je méprise

Trois heures du matin j’ai relu Les fleurs du mal

Et si j’avais un vers unique à donner

Ce serait :

La musique souvent me prend comme une mer !

MARCELINE

Que mon nom ne soit rien qu’une ombre douce et vaine

Qu’il ne cause jamais ni l’effroi ni la peine

Marceline Desbordes-Valmore

Des images et des songes

Mis bout à bout en vers

Quelquefois gais quelquefois sombres

On connaît d’elle les roses de Saadi

Ses vers à l’improviste la tenaient à flot

Dans le fleuve noir de sa vie

Faire des recueils de poésie

C’était prendre sur soi-même

En mètres vibrants où la musique

Tâchait de vaincre le chant des pleurs

Avec les roses à la mer en allées