Comme un art poétique une fantaisie Seul dans la nuit je suis perdu Mais si je l’écris ça va mieux C’est un moyen frappé d’instinct De convoquer nos petits dieux Sans en faire tout un tintouin Temps retrouvé ou Temps perdu Seul dans la nuit j’écris sans art Je laisse aller selon la plume Sans ornements sans métaphores Je prends des mots je les allume À la chandel de Bachelard Ou bien j’amorce l’anaphore Seul dans la nuit j’ai ébauché Pour l’étranger qui veille en moi Pour Poésie mode d’emploi 1 Ces quelques lignes maladroites Enfant qui agite son hochet Puis qui se rendort sous sa coite 1 Blog de JJ Dorio un poème par jour depuis le 8/01/2006
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CONVERSATIONS
Au plus on accepte, après une vie en couple et en famille riche au possible, de vivre, par nécessité seul.e, au plus on a besoin de conversations. Je ne parle pas du bavardage que permettent désormais les objets connectés, sur la plage de Fos sur Mer, au supermarché des Mousquetaires (au couvent de la consommation), depuis une tour de Manhattan ou du Marché de la Poésie place Saint Sulpice à Paris. Non, c’est de la conversation avec nos livres, qu’il s’agit.
Ceux que l’on a déjà lu, il y a belle lurette, et que l’on relit nouvellement et les petits nouveaux qui « viennent de paraître. »
Conversations : « authentique plaisir gratuit », attention au discours des autres (sur eux-mêmes en particulier), manières de prendre la bonne distance pour se moquer de soi, le libertinage (au sens de causer librement de tout et de son contraire), voix des femmes bridée, brisée jusqu’à Madame de Staël, (disons), qui se mettant à écrire, sans complexe d’infériorité, nous éblouissent.
On glisse, peu à peu, dans la peau de notre correspondant, notre interlocutrice privilégiée :
-Alors tu vas encore faire ça ?
-Oui, bien sûr, et de long en large.
-Et comment tu vas passer de tes lectures universelles à ton écriture singulière ?
-Eh bien, euh, comme ça, à tâtons, par ricochets et sans trop y penser.
25/09/2020
TU VIS SEUL
TU VIS SEUL
dans une belle grande maison
conçue à l’origine
pour quatre habitants
tu vis seul
au seuil de ce que l’on nomme
la vieillesse
tu vis seul
une modalité non choisie
de rapport au monde
tu vis seul
les vitres à double vitrage
fermées
il fait silence
tu vis seul
paradoxalement
non isolé
non replié
sur l’ego
tu vis seul
dans un jeu de go
engagé
avec le monde entier
tu vis seul
occuper ton temps
cocher des cases d’obligation
sur ton agenda
savoir à l’avance
ce que tu vas faire de ta journée
ne font pas parti de ton vocabulaire
tu vis seul
tu l’écris ce matin
à ton réveil
au lit
tu vas ainsi remplir
quatre feuillets
sur une carte jaune
ce sera
pour commencer la journée
l’hapax des amours jaunes
tu vis seul
tu l’écris au dos d’un livre de poésie
ça t’aide
extraordinairement
tu vis seul
tu n’attends rien de concret
de la journée
excepté la communication rituelle sur le « cellulaire »
avec tes deux filles
sous la forme d’un sms
et aussi d’une photographie ou d’un film d’une minute
montrant le petit diable de 4 ans
en ses métamorphoses
tu vis seul
ce matin le livre de poésie
te fait un cadeau inespéré
alors il répète tout haut ce qu’il vient de lire :
on erre quelques saisons parmi les apparences
avant d’entrer dans la disparition*
*Jean Grosjean (1912-2006)
Cantilènes
voix paroles et musique
jean jacques dorio
accompagnement piano
léo cotten


faites en la demande à l »auteur
doriojeanjacques@gmail.com
SEUL.E.S INCLUSIVEMENT
Le plus court chemin de soi à soi passe par autrui Paul Ricœur
Seul.e.s assurément
donnant le change
par cette danse tremblée
des lettres sur nos pages
Seul.e.s naturellement
dans cette attention flottante
réservée aux praticiens de l’hypnose
et aux pupilles de la nation des poètes
mort.e.s au front des métaphores vives
Seul.e.s dans les champs de tournesol
nos amours jaunes
et les matières immatérielles
que voient les aveugles
dans les musées
Seul.e.s et dialoguant
avec les portes les fenêtres
les graffiti de charbon
sur les murs des églises romanes
Seul.e.s dilaté.e.s
arpentant les mille et un livres
de notre bibliothèque unique
léguée aux dieux de la dispersion
Seul.e.s à la proue
mon beau navire
ô ma mémoire*
naviguant divaguant
au cœur des poèmes
sans testaments
*Apollinaire
Seul.e.s terriblement
de ce qui en nous
est dur compassé et frigide*
*Odile Caradec
Seul.e.s vaillamment
Gall amant de la reine*
« el viento galán de torres
la prende por la cintura »**
*Marc Monnier ** Federico García Lorca
Seul.e.s obscurément
à la lueur d’une chandelle
à la santé des serpes et des serpents
Seul.e.s vocabulairement
écriture inclusive dans la voix des passant.e.s
de nos instants secrets