Les mots venus de toute part
Je leur laisse passer leur chemin
Ou bien je les place
en chambre de décontamination
En attendant le retour de leur réelle présence
Silence sur la page
Jean Jacques Dorio Un poème inédit par jour
Les mots venus de toute part
Je leur laisse passer leur chemin
Ou bien je les place
en chambre de décontamination
En attendant le retour de leur réelle présence
Silence sur la page
Les poèmes ne tombent pas du ciel
Les poèmes ne se trouvent pas sous les sabots d’un cheval
Les poèmes nouveaux essaient en vain d’échapper aux anciens
Les poèmes font mouvement vers l’émotion d’un instant unique
Les poèmes font aux penseurs la nique
Les poèmes se font par essais successifs qui font crisser la page
ou quand c’est raté la déchirent
J’ai dicté ce poème à Madame Puérilité qui a ajouté
Pour les enfants et pour les raffinés
Une page blanche j’en ai couvert des milliers mais si je savais comment réussir à coup sûr son écriture j’arrêterais tout de suite
Ce soir en l’écrivant j’ai de la chance je suis porté par Michel Portal
Un musicien qui a joué de toutes les musiques un dérangeur : ça m’arrange
Et naturellement ça dérange les auditeurs et les lecteurs qui ne savent pas comment s’y prendre avec l’oeil l’oreille et les pieds par-dessus le marché qui martèlent le rythme d’une ballade
Celle d’un Pendu
Non celui de frère François Villon
Mais celui de l’arcane du tarot de Marseille
Le XIIe qui survient suspendu par les pieds dans la pudeur du monde
Voilà ma page vierge jaune comme si j’avais pondu un oeuf
Et maintenant Musica maestro
CHAQUE PAGE BLANCHE
m’est incertitude Mais sans garantie aucune je m’y lance pour pratiquer cette action insensée : mesurer l’impact des mots qui vont s’écrire sur mes affects mes idées d’un instant qui ne font que passer Au hasard d’une nécessité ? Je ne sais…mais j’essaie de la laisser se composer Page blanche, vierge et vivace en ses attraits Et puis perdue dans un vol trop heurté ou quelquefois dotée d’un charme mystérieux Celle-ci, comme bien d’autres aura été pour le moins esquissée transférant les incertitudes qui me nourrissent de la main au papier.
Un nouveau dictionnaire à part moi page 28
Avec l'ajout d'une hypnographie

Une autre page éphémère donnée uniquement sur mon blog poésie mode d'emploi DEVANT LA PAGE PERSONNE morceaux tissés d’une attention formelle mais sans se formaliser outre mesure peignant le passage d’un mot à un autre lambeaux cousus d’ontologie héraclitéenne d’atomes dansant la gigue la maclotte qui sautille la marelle terre ciel des petites filles en fleurs au point que ce texte puisse donner l’impression d’un mélange de doctrines diverses d’un doute sur la philosophie qui vraiment le soutient le pinceau qui le peint le pain de seigle, d’orge qui le nourrit la pression du noir sur la page jadis blanche…
Le mode s’écrabouille, se trucide, se déchire et toi tu continues, ignoré de Balzac et des lecteurs futiles, à produire tes vers de mirliton, faisant tourner à qui mieux mieux ta toton, toupie d’un rituel d’oubli des sinistres réalités.
Oui, mais, aussi, cependant, travailler la métaphore vive, ne pas admettre sa perte, persister dans ce chant baroque des piétinements, basse continue et oxymorons, au grand dam des écrabouilleurs en tout genre, des trucideurs, des faiseurs de guerres infâmes,
Coeur d’amour épris, écrit Matisse fatigué, finissant, en découpant ses papiers de couleur, oiseaux du jazz, signes en verve, manière pour quelques secondes précieuses de réparer les maux du monde, et d’en éloigner jusqu’au bout, les amoureux fervents et les savants austères.
Millau la nuit du 11 juin 2025