UN POÈME EN SOUFFRANCE

Drôle d’objet verbal

Sorti d’un trou noir

Un hybride croisant

Spleen et idéal

Lumière et obscurité

Unissant avec l’oxymore

Le pointu et l’émoussé

L’esprit et la sottise

Il court il court le verset

Sur les terres brûlées

D’un poème en souffrance

Déployé sur la page

D’un livre ancien

Découpé au couteau

FAIRE UN POÈME

Au travail je me dis

Faire un poème

N’est pas donné

Même si le lecteur

Peut en douter

Il faut parfois des semaines

Pour le sortir de la noirceur

De l’époque

Ou bien comme à l’instant

Foncer faire flèche de tout bois

Se mouvoir se déplacer

Produire (comme nous disions antan)

une poésie lavée de ses vieux pêchés :

la prétention l’obscurité le dolorisme

le narcissisme la nostalgie d’un monde perdu

à jamais

Voilà suffit

Cette ouverture

Comme un chant de fouilles

Offert au lecteur invité à mettre la main à la pâte

Lui aussi

Pour continuer

UNE PAGE D’ÉCRITURE

Une page d’écriture c’est réjouissant d’annoncer ainsi la couleur d’abord toute blanche puis au fur et à mesure se remplissant de signes de mots de caractères de lettres de lignes que l’on écrit au stylo plus ou moins fin (0,5 mm en ce qui concerne le fauteur (sic) de cette page) l’écrire sans être le moins du monde écrivain (mais écrivant on le concède) sans jamais savoir pourquoi et en évitant cela va sans dire l‘hilarité mortelle qui ricane derrière tout ce que nous accomplissons selon le dictionnaire portatif de citations qui nous accompagne (article hilarité)

L’écrire maintenant dans le petit espace restant sous le vent mistral qui vient opportunément de se lever non pour tenter de vivre mais pour s’avouer que l’on a encore une fois cédé à la tentation de l’écrire jusqu’au bout (c’était son but) cette foutue page d’écriture maintenant et pour de bon ter/mi/née