JANVIER DÉCLINE SES SEPT PREMIERS JOURS





                               2011

Essais répétitifs d’alexandrins labiles





Mon premier vers le jour de l’an ouvre ses pas.

Un doux combat. Ainsi les mots se frottent aux choses.

Et le Sujet ? Soi comme un autre… animal !

En éveil, aux aguets, Sois ce fou qui dit vrai,

Cet oiseau de passage oubliant son destin.

Flux et reflux, encre et lavis, noirceur lumière,

Septième jour shabbat. Dieu nettoie ses outils.





                                 2012

Hendécasyllabes :

à travers le boitillement si neuf du vers de onze syllabes

Jean-Pierre Richard (Pêle-mêle)





Ce lieu tranquille où la vie entre les lignes

Passe sur un papier muet qui attend
L’image inattendue ou la citation
Ouvertes sur la musique de nos livres.
Je réveille le vieil hendécasyllabe
Qui ne sait désormais sur quel pied danser.
Subsister, persister : faire sûrement
Sa retraite. Savoir être à soi dit (Montaigne)





                                    2013

une année vouée aux décasyllabes





C’est le premier janvier deux mille treize

Sur cet agenda du Métropoli

tan museum of art : la mort n’y mord*

Une année vouée aux décasyllabes

Marcher sauvagement sur des sentiers

de traverse Il n’est meilleur souhait

que celui que l’on transmet sans rien dire

*Clément Marot




                                      2014

Les vagues ennéasyllabes mystérieux.

(Paul Valéry, Lettres à quelques-uns, 1945)





Vers impair ennéasyllabique

Tous les vers impairs manquent d’un centre

fixe et, par là, blessent le senti

ment naturel de la symétrie

qui est en nous. Ah ! ces chers gloseurs

Ah ! Verlaine et ton art poétique

Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.





                            2015

il rêvait qu’il traversait le Pont des Arts                           

un livre d’octosyllabes sous le bras





Où je suis né on me l’a dit*

Mais ceux-là même sont partis

depuis longtemps hélas. Mon père,

ma mère, essentiellement.

Dans une maison de village,

face à l’église qui sonnait

mâtines, midi, l’angélus.

*Georges Perros





                               2016

Un homme très savant, un professeur de poésie symboliste.

Il pourrait vous rédiger des prospectus en heptasyllabes.

Raymond Queneau (Le vol d’Icare)





Tout cela n’est pas sérieux

C’est ce qui fait son enjeu

Son adresse- au lecteur.

Nul objet ne s’y présente

Ni mimosa Ni éponge

Et pour comble de malice

Le sujet qui tient la plume

(Est resté dans la coulisse.)





                                  2017

le rythme de l’hexasyllabe est du même modèle

que celui de l’hémistiche de l’alexandrin





Dimanche jour premier

La manche est tirée

Cachant la main le poing

L’aube point à la ligne

Mots sortis de la bourse

Du bon père Larousse

Les petits parachutes

(Dans les pissenlits)





                                       2018            

C’est cinq cette année

C’est pentasyllabes





Tu es tu n’es pas

Signes sur la page

La prose du monde

Et toi à l’écart

Tu es la voix autre

Le secret des marges*

Tu n’es pas celui

(Que les autres voient)

*Dorio (Editions Rafaël de Surtis)








                                                     2019

l’emploi du tétrasyllabe est très rare

mais on peut citer les « Djinns » d’Hugo

(troisième et antépénultième strophe)





Tu recommences

Mais cette nuit

Tu écris en bleu

Tu lis un livre

D’anthologie

De coqlicots

Et de bleuets





                                                2020





le trisyllabe est plutôt lié

à un effet soit satirique,

soit plaisant…





Il ne sert

À rien

D’expliquer

Dorio

Dans le texte

Dorio

(A’Xist’pas)





(n’oubliez pas les diérèses)

UN PEU D’ALEXANDRINS

 

un peu d’alexandrins ça repose des brumes
des bruits de la cité des querelles intestines
du fracas des télés que les pauvres allument
pour écouter Machin pour la pub de Titine
 
un peu d’alexandrins on peut casser la rime
ainsi fait ce poème indigne du désir
très pur qui le dicta* mais enfin il existe
je l’atteste je l’affirme dans le petit matin
la lumière et l’exil de celui qui écrit
sur l’ardoise du temps ce peu d’alexandrins
 
*Léon Gabriel Gros
 

LA POÉSIE N’EST FAITE QUE DE BEAUX DÉTAILS

La poésie n'est faite que de beaux détails
Avez-vous remarqué ce bel alexandrin
Composer dans l'incertitude des trouvailles
Vaille que vaille en vivant ce que tu lis

La poésie je vous demande pardon Mais
c'est au réveil une façon de se livrer
à ce fragment Corps au repos Esprit qui essaie
d'opposer à Douleur les promesses de l'aube

La poésie voix si ténue inattendue
Fable des pas perdus sur nos livres de sable
La barque ce matin suit ce fleuve étrange
De vers anciens qui ont le charme du pur oubli


le vers initial est de Voltaire
Romain Gary a écrit Les promesses de l'aube











ÉCRIRE SANS RAISONS C’EST MA RAISON D’ÉCRIRE

12 | juillet | 2018 | POÉSIE MODE D’EMPLOI

JUILLET JUJUBE ET JUJUBIER

SEPTIÈME MOIS : JUILLET. JUJUBE ET JUJUBIER.

Septième vie dans la cité de la Concorde,

Quand tout autour le monde violent se défait.

Nous maintenons récitatif, cordes de feu,

Souffles des poésies, simplement et sans bruit.

Écrire sans raisons, c’est ma raison d’écrire.

La lune a disparu dans un coin du verger,

C’est le moment de déployer nos alphabets.

Belles de nuit, filles d’Orphée et feux follets.

Portraits crayonnés sur le papier,

Qui se confient à l’anthologie Jacques Basse.

On l’entend sans la voir ma bouteille à la mer,

un peu de souffle, un peu de chant, beaucoup de temps.

Source des nuits qui la remplit d’une eau discrète.

On la voit sans l’entendre, fiasque, fiole, fillette,

Ailes de papillon, vertiges de mouettes.

Je les confie au vent, à la joie qui sécrète

ce miel secret pour le lecteur de l’autre rive,

de la pièce, du souci, du murmure intérieur.

Va-et-vient des poèmes, inutiles, essentiels.

Lebontempsdelavie, j’ouvre une anthologie,

Un poème par jour alternant homme, femme.

Lire à l’envers, en guise d’elles et loin des maîtres !

Preuves d’Amour nous font cruellement défaut.

Sous l’écorce des mots de la tribu, l’aubier,

La vie du langage qui nous donne vigueur,

joie, puissance d’agir, ABC fraternel,

imagination (faites la diérèse).

Le grand-duc au grenier, un poète empaillé.

Il se plaint de sa vie, du destin, du cogit

Ô nausée, vie absente, couchées sur papier bible.

Jean-Jacques-Dorio