SOMOS EL PODER Y PUNTO !

UN DICTIONNAIRE À PART SOI




J’ai un dictionnaire à part moi.

Montaigne

On peut continuer à tout temps l’étude, non pas l’écolage : la sotte chose qu’un vieillard abécédaire.

(le même)

Voilà pourquoi ce dictionnaire à part soi n’obéira pas à l’ordre abécédaire.

Quant au remplacement du « moi » par le « soi », il marque le passage du « moi seul », au « soi-même comme un autre » selon la savoureuse expression développée en dix études par le philosophe Paul Ricœur.

Le même affirmait que le plus court chemin de soi à soi passe par autrui.

Les articles ci-dessous en acceptent la gageure.





MÉNINGES

J’ai quelquefois entendu ma mère dire : au moins lui, il se fatigue pas les méninges. Avec une pointe de médisance. Mais c’était pas le genre de la maison. Pour les langues de vipères, voire de putes, écoutez la chanson idoine d’Anne Sylvestre. Elle est sans pareille pour les agiter. Même si ça vous rebute.

CROIRE

mais sans trop chercher à quoi, ajoute un ancien coco, venu au parti pour le concept. On croit rêver, tant cet auteur, nous ravit par sa subtilité, sa distance, son bonheur de lecteur insatiable. Bref, tout le contraire d’un secrétaire général du parti communiste français croyant jusqu’à son dernier souffle, qu’un jour la dictature du prolétariat installerait le bonheur sur Terre, il n’ajoutait pas cependant…et au Ciel !

AUTOFICTION

Je lis que ce serait un général russe, un certain Doubrosky, qui inventa le terme en chassant Napoléon de la Russie. Mais ce n’est peut-être qu’une « fiction d’évènements et de faits strictement réels ». Mazette !

SOLDAT

Je n’ai jamais joué avec des soldats de plomb dans mon enfance, c’eût été sans doute faire injure à mon père dont le père fut tué, comme un moineau, dès l’automne 1914, ainsi que deux de ses frères. On leur avait promis de revenir pour les vendanges après avoir maté le boche. Les raisins ont pourri sur pied.

Et soldat moi-même, jamais je ne le fus. Je profitai de cette chance de remplacer le maniement des armes par le maniement de la langue de Molière, que j’allai enseigner pendant ma Coopé(ration), au Venezuela, de l’automne 68 – j’ai évité ainsi la gueule de bois après la fête de notre mai avec son M majuscule – au printemps 70. J’enseignai notre langue dans une école primaire privée 1° choix, avec un couple de paresseux- les animaux- que l’on voyait dans un palmier et qui était destiné à rendre plus calme les enfants, j’enseignai à l’Institut, à l’école normale d’instituteurs, – ce qui dit en passant me faisait traverser souvent la ville dans ses taxis collectifs toujours riches en contact avec la radio diffusant la salsa « à mort » – et enfin j’eus une expérience, hélas trop courte, en faisant cours à la fac d’Architecture. Au bout d’une semaine les étudiants voulant nous imiter, « mirent le feu » à l’Université, envahirent mon amphi et ornèrent le tableau d’un slogan que je revois encore : SOMOS EL PODER Y PUNTO !