Aucun pays n’a mieux maîtrisé l’art de la destruction de l’âme de ses citoyens que la Russie. Joseph Brodsky 1 Les bonnes raisons de faire la guerre sont toujours mauvaises. Dans la tête du petit fonctionnaire soviétique du KGB devenu Espion en Chef et Maître Sans Vergogne de la Russie, C’était le moment de déclencher son « opération spéciale » : une bonne petite guerre pour purger les voisins ukrainiens de leur passion démocratique tournée vers l’Union Européenne. Et à la fin, on éventre les immeubles, on détruit théâtres, hôpitaux et maternités, on affame et on prive d’eau les villes assiégés, on tue et massacre, et les enfants ont autant de valeur que des chiots que l’on jette à l’eau. 1 Joseph Brodsky (1940-1990) Arrêté pour « parasitisme social », (lire : « activité d’un poète récalcitrant »). Exfiltré aux Etats Unis, prix Nobel de Littérature en 1987. Quel lecteur de poésie n’a pas gardé en mémoire le fameux dialogue, devant la cour, à Leningrad, entre le juge et Iossip Brodski, lors de son procès pour «fainéantise », « parasitisme » en octobre 1964 ? À la déclaration de Brodski, qui rappela qu’il était « poète, traducteur poète », le juge eut cette répartie : « Et qui t’a reconnu comme poète ? Qui t’a fait entrer dans les rangs des poètes ? » À quoi l’auteur des Collines répondit : « Personne. Et qui m’a fait entrer dans les rangs de l’espèce humaine ? »