Au pied de l’échafaud j’essaie encor ma lyre André Chénier Né en 1762 guillotiné le 7 thermidor an II 25 juillet 1794 Pour oublier son sort le condamné Chénier Comme un dernier rayon écrit des vers iambiques Les vers d’un condamné qui tourne dans sa cellule Voué aux antiques bienfaits de ce rythme alternant Les alexandrins et les octosyllabes Il ne veut pas passer ces derniers instants à trembler En attendant le messager de la mort Venu délivrer l’affreux message ordonné Par le « Tribunal criminel extraordinaire » (sic) Historiens qui revisitez la Révolution N’oubliez pas Chénier ! * Comme un dernier rayon, comme un dernier zéphyre Anime la fin d'un beau jour, Au pied de l'échafaud j'essaye encor ma lyre. Peut-être est-ce bientôt mon tour ; Peut-être avant que l'heure en cercle promenée Ait posé sur l'émail brillant, Dans les soixante pas où sa route est bornée, Son pied sonore et vigilant, Le sommeil du tombeau pressera ma paupière ! Avant que de ses deux moitiés Ce vers que je commence ait atteint la dernière, Peut-être en ces murs effrayés Le messager de mort, noir recruteur des ombres, Escorté d'infâmes soldats, Remplira de mon nom ces longs corridors sombres. ............................................... André Chénier