tu ne cesses d’écrire
les yeux fermés
tu ne cesses de voir
les fantômes du passé
dans la mémoire
d’une nuit d’encre
tu ne cesses d’écrire
ce que tu ne savais pas
que tu allais écrire
ce à quoi sans ton écriture
tu n’aurais jamais pensé
tu écris à la diable cette histoire vécue
une nuit que tu dormais seul
dans une vielle bicoque de l’altiplano péruvien
entouré de crânes et de momies
réveillé par un être incréé
sur les minuits
qui grattant à l’huis
suppliait – par Viracocha ! –
que tu le laisses entrer
tu ne cesses d’écrire
sur la pointe des pieds
les paradis perdus
ton épouse déchirée
les promesses non-tenues
tu ne cesses d'écrire
sans espoir et sans but
mais quand même sans rature
le geste de l’archer
l’orthographe libérée
l’insouci de la rime
tu ne cesses d’écrire
c’est fini à présent
tu peux tout effacer