Je suis tout feu tout flamme Je suis l’eau remontant à mes sources Je suis l’air de rien Je suis la terre des Dorio (tous laboureurs) Je suis le souffle qui ravive dès matines les braises du foyer Je suis l’eau de l’orage sur le visage de Rrose Sélavy Je suis la terre que le blé vert adoucit Je suis l’air dont s’abreuve l’alouette de Ventadour Je suis poète contumace1 à l’esprit follet Je suis la mer la mer toujours toujours recommencée2 Je suis la mère Terre (va-t-elle mourir la Mama ?) Je suis Phénix qui écrit des poèmes après Auschwitz* 1 Tristan Corbière 2 Paul Valéry *Dans cette ville (Francfort), Theodor Adorno a prononcé une grande phrase : on ne plus écrire de poèmes après Auschwitz. Disons-le autrement : après Auschwitz on ne peut plus respirer, manger, aimer, lire. Mais quiconque a déjà inspiré une première gorgée d’air, quiconque s’allume une première cigarette a décidé de survivre, de lire, d’écrire, de manger, et d’aimer. Heinrich Böll