

Jean Jacques Dorio Un poème inédit par jour
En procédant à l’impossible rangement des livres de mes bibliothèques, j’ai effacé tous les noms d’auteurs. Des voix anonymes s’élèvent du papier, images de l’évidence poétique ou paroles qui peu à peu s’éteignent.
À la fin, ma librairie est réduite à une planche branlante de cerisier.
Le peu de livres réunis ont retrouvé un auteur unique refusant de mourir ;
Oiseau des vents, pierre vive, arbre enchanté, métaphores vives embrasant Phénix.
Jean Jacques Dorio <doriojeanjacques@gmail.com> | ) | ![]() ![]() | |
![]() |
https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi
![]() ![]() | |||
![]() |
Je suis tout feu tout flamme Je suis l’eau remontant à mes sources Je suis l’air de rien Je suis la terre des Dorio (tous laboureurs) Je suis le souffle qui ravive dès matines les braises du foyer Je suis l’eau de l’orage sur le visage de Rrose Sélavy Je suis la terre que le blé vert adoucit Je suis l’air dont s’abreuve l’alouette de Ventadour Je suis poète contumace1 à l’esprit follet Je suis la mer la mer toujours toujours recommencée2 Je suis la mère Terre (va-t-elle mourir la Mama ?) Je suis Phénix qui écrit des poèmes après Auschwitz* 1 Tristan Corbière 2 Paul Valéry *Dans cette ville (Francfort), Theodor Adorno a prononcé une grande phrase : on ne plus écrire de poèmes après Auschwitz. Disons-le autrement : après Auschwitz on ne peut plus respirer, manger, aimer, lire. Mais quiconque a déjà inspiré une première gorgée d’air, quiconque s’allume une première cigarette a décidé de survivre, de lire, d’écrire, de manger, et d’aimer. Heinrich Böll
Printemps des yeux, rhizome, iris, Enivrez-vous.
C’est la saison des semaisons, Caressez-vous.
Agrandissant l’espace sur la Crau rehaussée
Les brebis me saluent : tu as soixante-seize ans !
Le temps s’endort, une fois l’an, on le réveille.
Foisonnement : en soi-même, combien de branches?
Cahiers, carnets, récits de vie pliés en quatre.
Les mots de tous les jours s’en vont comme fétus
Les fleurs de rhétorique brûlées brassées brouies
Pour laisser s’envoler le bel oiseau Phénix
des alphabets
et du hasard quasi céleste.
Le chant la nuit
Dans la ville morte
Sous couvre-feu
Jeté sur ce papier
Qui défie les écrans
Qui se déploie
Oiseau phénix
Le chant douleur
Que laboure l’écrit
Les cris du nouveau-né
Ce poème grinçant
Que traverse le temps
Le chant la passe
Le geste tant de fois
Esquissé frayant
Avec l’espace
L’instant précieux
D’un poème innocent
Le chant transcrit
Sur ce papier
D’où s’envole
Telle une braise
La dernière métaphore
13/01/2021