JE SUIS MANGÉ PAR L’ÉCRITURE

Je suis mangé par l’écriture qui me ravage et me ravit
Qui couche sur ma page des personnages qui nagent
Ou qui s’envolent comme des oiseaux

Je suis l’envol des étourneaux qui hésitent
Mais qui finalement se posent
Sur mes lignes à haute tension

Je suis en deuil d’une femme
Qui emportait dans son sac rond 
en paille ou en rafia
le dernier « rompol » de Fred Vargas
(suivant avec délices les enquêtes d’Adamsberg)
ou de Dona Léon
(nous faisant partager la vie du commissaire vénitien Brunetti)

Je suis ce précipité de filiation
Tourné vers le passé
(comme ce chemin des mythes amérindiens
« qui reculent vers le futur »)
Ou glissant de signifiants en signifiés
Vers l’écriture de bienheureuses parenthèses

(une écluse s’ouvre nous changeons de niveau avec nous-même)

griffures blanches dorio 02/08/2023

sur la reproduction de « peinture abstraite »

Ad Reinhardt 1963 152,4×152,4 cm exposé au Moma