J’AJOUTE MAIS NE CORRIGE PAS





J’ajoute et ne corrige pas (Montaigne)

Sur le village où je suis né

Le temps qui passe pas à pas

La langue tirée par le nez





J’ajoute sans me retourner

Repentirs ni mea-culpa

Sans souci de ma destinée

J’ajoute sur la voie ma voix





Celle de Louise qui me noie

Dans la chaleur de sa froidure

Avec mes mots de peu de poids

Plaisirs et tourments que j’endure





J’ajoute ce poème vain

Vingt fois je l’ai imaginé

En vain je me suis escrimé

J’ajoute et ne corrige point

j’ajoute sur la voie ma voix

LECTEURS PENDUS AU CLOU DE L’IMAGINATION





Vivre sans imaginer une vie autre

C’est vivoter

Mais l’imagination mise à toutes les sauces

Sans l’expérience de sa propre vie

C’est une voie sans issue





C’est tirer de la poudre aux moineaux

Prendre des vessies pour des lanternes

Ne pas savoir à quel clou pendre sa lampe





J’imagine qu’en disant tout cela

Je n’ai pas aidé mes dix-sept lecteurs

Qui ne sont pas tombés de la dernière pluie





Même si passant entre les gouttes

Ils ont tout loisir d’imaginer la suite

De ce commencement qui n’en finit pas