UNE VOIX


 
Ainsi, qu’il laisse un nom ou devienne anonyme, qu’il ajoute un terme au langage ou qu’il s’éteigne dans un soupir, de toute façon le poète disparaît, trahi par son propre murmure et rien ne reste après lui qu’une voix, -sans personne.
Jean Tardieu

La voix, il suffit qu’on l’écrive, pour qu’elle se mette à exister.
Une voix perdue, mais qui en douce, remue et entraîne ma plume (plumplum tralala)
Une voix retrouvée et qui prend la forme…qui nous reste habituellement invisible, celle du Temps. 1
Une voix venue d’Homère, le Père du Grand Récit : Conte-moi Muse l’aventure de l’Inventif  2
Une voix qui parle d’abord au papier avant d’être libérée par l’inflexion des voix chères qui (hélas) se sont tues 3
Une voix dont le souvenir à la couleur du sable qui s’écoule grain à grain
Une voix sans personne qu’affectionnait le poète Jean Tardieu
Une voix unique que l’on lit la nuit au lit : Ô lit heureux l’unique secrétaire de mon plaisir 4 )
Une voix qui crissait sur l’ardoise et son alphabet
Une voix enfantine dont j’ai perdu la clé
Une voix collective jouissive dans la rue et sur les murs du Grand Mai
Une voix étouffée par les mots de la tribu
Une voix en allée sur les lèvres des trépassés

1 Marcel Proust 2 L’Odyssée (traduction Philippe Jaccottet) 3 Paul Verlaine 4 Rémi Belleau 

une voix que l’on lit au lit