J’écris à deux heures du matin
Ces neuf syllabes
Qui à présent sont vingt
J’écris aux anges et aux démons
Qui sur le papier s’affrontent
J’écris à l’éternelle amour
Que le chevalier Gauvain porte
Aux jeunes filles en détresse
J’écris harponné par Achab
Non le roi maudit d’Israël
Mais le chasseur ardent de Melville
J’écris à la campagne et à la ville
Faisant de Moby Dick
L’allégorie de mes nuits blanches
J’écris aux cinq doigts de la main
Aux six faces du dé
Aux 7 jours de la semaine
Qui évoquent la Genèse
J’écris à la suite d’Arthur
Ce chant qui au bois vous arrête
Et vous fait rougir
J’écris Donne-moi ta bouche
O ma jolie fraise
J’écris on ne peut mieux
De l’utile et de l’honnête
Ces fadaises qui parlant au papier
Échappent à Montaigne
J’écris Jeunesse
juventud divino tesoro
à n’en plus finir
J’écris en vain à la princesse des contes
Où l’espoir est plus léger qu’un brin de paille dans l’étable
J’écris croisant Darío (Ruben)
Quand il veut pleurer il ne pleure
Et il pleure sans le souhaiter
J’écris comme dans la vie se superposent bien des formes de discours
J’écris Sur la route dans le souffle du blues
et du rouge mis au studio d’enregistrement
d’une interminable Jam Session
J’écris la nuit comme il se doit
Au doigt mouillé et à l’oreille…
Jusqu’au petit matin
Italiques Paul Fort Montaigne Ruben Dario Verlaine Kerouac