J’ÉCRIS opus 9





J’écris pour je ne sais trop qui 
et contre je ne sais trop quoi

J’écris sur l’Azur
Et ce soleil de l’enfance

J’écris sur cet ultime vers
Tracé par la main de Machado :
Estos días azules y este sol de la infancia

J’écris pour après tant de paroles vaines
Que survive la parole

J’écris palabras, soledad, llovizna,  
en Lima :
cette pluie fine, si fine, 
un jour où Dieu était malade,
très malade,
en fin de partie

J’écris toutes les nuits
Pour ne pas laisser brûler en vain
La flamme de la chandelle

J’écris sur toutes les paroles entendues
et qui ne sont rien que du silence
si j’en crois ce poète 
qui composa son recueil
page à page
devant la casse, devant le marbre, devant la machine,
prenant une à une les lettres dans leur petit cassetin
pour les aligner dans le composteur
comme faisait son épouse Germaine
qui venait de quitter définitivement leur imprimerie
pour cause de décès

J’écris sur l’oreiller
Tant qu’il y a un peu d’espace vierge
sur ma page

J’écris à part moi
et à part ça je pourrai dire
que j’écris aux autre mois
(faut-il les orthographier avec un s ?)

Si j’écris
Est-ce pour témoigner
Est-ce pour me leurrer
Est-ce pour me concilier la bienveillance
des lecteurs privés d’images ?

J’écris un livre nouveau sous le bras
Comme celui qui vient d’acheter son pain frais croustillant

J’écris sans ambages
Préférant au bon grain
L’ivresse la folle ivraie



évocations citations Antonio Machado, Cesar Vallejo, Gaston Bachelard, Pierre-Albert Birot.


J’AI ÉTÉ





J’ai été à Lima

Dont le ciel  toujours gris

Sent la farine de poisson

Je venais de Caracas

Avec escale à Bogota





J’ai été à Berlin

Du temps du mur

J’y ai découvert la grande musique

à la Philharmonie





J’ai été à Buenos Aires

Le 14 juillet 1970

à un festival de tango-protesta

La petite musique du bandonéon

C’est pas mal non plus





J’ai été à Paris

en juillet 68

Les murs avaient été repeints

couleur « godillots »

comme on appelait les fervents du général





Je n’ai pas été à Suez

Ni à Panama

Où si l’on en croit Guy Béart

En creusant un canal

On se fait beaucoup d’argent

RILAX (la Sorbonne au mois de de Mai) voix paroles musique JJ Dorio




a corazón (tango) JJ Dorio accompagnement piano Léo Cottein