Sans jamais l’assombrir comme une pure offrande : un Présent
Belle hécatombe de mots
C’est enfin leurs fins
Dans les bras d’un sommeil
Que l’on dit éternel
La fête est finie
Mais les malheurs aussi
On vide les tiroirs
De tes cartes postales
Quelques tickets d’un bal
Ou d’un concert de jazz
Tu as fini aussi crédule
Et tendre sous l’écorce
Qu’un gosse des faubourgs
Que l’on voit siffloter
Le requiem de Fauré
Entre les pages d’un album
Où quand vient notre tour
C’est toujours tout le monde
qui meurt... tout l’temps
Tag Archives: Réda
SALE TEMPS POUR LES GRENADIERS
Sale temps pour grenadiers et voltigeurs de vers
Grenadiers ?
Ceux et celles qui dégoupillèrent la parole
sur les murs de Mai 68 :
Je suis un minoritaire né. Les plus forts, je suis contre.
Voltigeurs ?
De nos affects et de nos émotions, mises en mots,
mis en maux, avec tous les charmes voués à la forme.
Du vers ?
Toujours en mouvement,
si l’on ne veut pas qu’il nous étouffe,
mais jamais ignorant nos phares dans la nuit,
de Marot à Hugo, de Verlaine à Valéry.
Ainsi du sale temps je n’en ai cure
Et du vers je parcours son champ illimité.
(Oublions ces deux vers empreints de gravité)
Sous les pavés ma plage, de sable et de graviers,
Il n’y a pas d’avant-garde, il n’y a que des gens en retard.
italiques Jacques Réda, Romain Gary, anonyme Mai 68.