LE SEL DONT ON FAIT LES POÈMES

LE SEL DONT ON FAIT LES POÈMES

Au cœur de la ressemblance, la différence, l’ambiguïté du soleil noir, le miel de la mélancolie.  Les mots s’en vont dans la nuit blanche, jouer du coude, mettant à nu les facettes de tous nos clichés. Sur la balance de nos lubies, ils nous promettent d’être nuages, brassées de fleurs, constellations des Pléiades, alternativement mâles ou femelles. Au cœur de la différence, la ressemblance qui rend la mer folle de ce sel dont on fait les poèmes.

DANS LE SOLEIL DE RESSEMBLANCE

Il voit les soleils se coucher
dans le soleil de ressemblance
                René Nelli
                   
Je mange à petit feu le dictionnaire rare
Les lignes manuscrites de quatre en quatre vers
Impeccables pour le rythme le compte des « e » muets
                       
Le dictionnaire rare des fleurs en leur courtil
Du torrent désentravé des prisons abracadabrantes*
            
Sous le lyrisme affirmé les cycles naturels
Les images la respiration verbale
L’amour métaphysique se heurte au néant
                    
On voudrait l’oublier s’interdire ces grands noms
Depuis longtemps brisés par les modes éditoriales
                   
Mais maladroitement nous sommes entraînés
La main court sur la feuille 
Grattant le palimpseste insomniaque
Qui nous ressemble
                          
 
*René Nelli (La vie que s’interdit la vie) 
Collections manuscrits Encres Vives 1969

la main court sur la feuille grattant le palimpseste insomniaque Dorio : Miroir de Miró