J’AI CONNU

J’ai connu le tablier gris des écoliers et le jeudi des quatre dimanches où l’on chômait

J’ai connu l’écriture à la plume sergent major que l’on trempait dans l’encrier en porcelaine fiché dans la table en bois (le pupitre)

J’ai connu le tableau noir où le maître, plus rarement la maîtresse, nous permettait de faire claquer ou crisser les craies de toutes les couleurs, mais principalement la craie blanche comme neige

J’ai connu tous ces petits bonheurs de l’enfance 

Je  l’affirme croix de bois croix de fer et je le signe sur mon site numérique mesurant ainsi la distance abyssale qui nous sépare de cette époque d’un commencement qui n’en finit pas

LE QUOTIDIEN ET LE DISPARATE

Le quotidien et le reste : ce qui semble échapper aux mots de la tribu, le disparate, la disparité (vieux ou littéraire), mais que l’on tente par essais successifs de saisir malgré tout. (C’était à cette époque avec un porte-plume muni d’une sergent major écrivant sur un bloc de feuilles A4 posé sur une table blanche en Formica -for(à la place de) mica (matériau stratifié revêtu de résine artificielle).

Nous étions le vendredi suivant le jeudi de l’Ascension 1983, France Musique diffusait d’une oreille l’autre, une émission consacrée aux troubadours, en particulier Bernard de Ventadour (Bernard de Ventadorn en occitan, la langue maternelle de mon père, soit dit en passant).

Tiens me voilà me désignant. Et pour continuer j’écrivais tout de go que je vivais et travaillais à un collège d’enseignement public (le Pagnol), dans une ville de Provence donnant sur l’étang de Berre, traversée de chenaux (pluriel de chenal), qui la faisaient pour le pittoresque nommer La Venise provençale.
Le haut étang fume continuellement / Quelle sorcière va se dresser sur le couchant blanc, Quelles violettes frondaisons vont descendre…de ces Phrases des Illuminations écrites par un garnement de 17 ans que son aîné qui les recueillit et les dévoila dans la rubrique Poètes maudits, baptisa « l’homme aux semelles de vent »

à suivre