Je n’ai jamais joué avec des soldats de plomb
Je n’ai jamais connu le bonnet d’âne
Je n’ai jamais monté de trains électriques
Je n’ai jamais entendu quelqu’un me dire
-Mais tu es dans la lune ou quoi !
(ça c’est moins sûr)
Ceci pour l’enfance
Je n’ai jamais été au Guggenheim de Bilbao
Mais à celui de New York
oui
Je n’ai jamais vu et entendu
Coltrane Monk et Miles Davis
Mais Schepp Garner et Portal
oui
Je n’ai jamais été au Mur des lamentations
ni à la Cité interdite
Mais à Macchu Picchu à Delphes et à Brasilia
oui
(il y a mensonge sur un des trois)
Ceci pour la suite de l’enfance
suite au prochain jeu de l’imaginaire et du réel mêlés
(lecteur lectrice entre parenthèses tu as tout le temps aujourd'hui toi aussi de jouer au jeu de J'AI JE N'AI PAS) cet espace est pour toi
Je n’ai jamais eu de poupée en chiffon
Je n’ai jamais était très bonne élève
Je n’ai jamais déniché les oisillons
Je n’ai jamais tiré la langue à ma mère
ni à mon père
Je n’ai jamais été en deltaplane
Mais j’ai sauté en parachute
oui
Je n’ai jamais lu « À la recherche du temps perdu » de Proust, ni tout Hugo, ni même tout Zola ou Flaubert
Mais tout Vian et Prévert
Oui, enfin je crois
Je n’ai jamais été à Sainte Sophie
ni au Taj Mahal
Mais à l’Alhambra de Granada et la Mesquita de Cordoue
à Bruges et Amsterdam
oui
Je n’ai jamais eu de griffes de sorcières
Mais des doigts habiles de couturière
Je n’ai jamais traversé l’océan en solitaire
Mais suis experte au jeu du Solitaire
Oui
« Je n’ai jamais tué, jamais violé non plus
Y a déjà quelque temps que je ne vole plus »
Mais je mens
comme une arracheuse de dents
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C’EST LA QUINZIÈME ANNÉE C’EST À N’Y PAS CROIRE QUE MARÍA DOLORES CANO EST MA LECTRICE IDÉALE
elle correspond à la lettre à ce lecteur voulu par ce poète majeur comme bien d’autres peu connu avec qui j’eus la chance d' »entretenir une belle correspondance
« Je me suis habitué à considérer tout poème venant d’être écrit comme un fruit naissant, une promesse, un apparaître verbal d’un instant plus ou moins privilégié, une ébauche à parfaire, un voyage à continuer. Ainsi n’y vois-je jamais une version définitive, une œuvre achevée, notions qui n’ont plus de sens pour moi. J’incline même à souhaiter le vrai lecteur qui écrirait un autre poème à partir du mien. »
Gaston Puel
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Je n’ai jamais rêvé de voyage.
Un soir dans Venise en sa Fenice
j’ai entendu un ténor craquer son aigu,
Je ne suis jamais allé en las alturas de Macchu Picchu,
cueillir les fleurs de masdevalia.
Un jour aux arènes de Nîmes
j’ai entendu un brindis, por Atahualpa,
Atahualpa Yupanqui, mort la veille ou l’avant veille,
en ces lieux j’ai croisé ce jeune déshérité Neftali,
nommé ainsi en l’honneur de Ricardo Eliécer Neftalí Reyes-Basoalto,
cherchons, cherchez.
J’ai pris langue sur les lettres hébraïques
avec un pasteur de l’église réformée de France
aumônier en sa prison de Rudolf Hess,
j’ai croisé Lucie et Raymond Samuel, cherchez cherchons,
cherchant bien j’ai croisé le pas de Valentin Esterhazi,
qui a croisé Wolfgang Amadeus et Joseph Haydn, le bon papa,
cherchant encore à Valleraugue, j’ai croisé Claude Levy-Strauss,
et Germaine Dieterlein aimée des Dogons,
Et à New York,un de mes frères, croisait souvent Lou Reed,
et une fois Luciano Pavarotti, mais ce n’était pas lui à la Fenice.
Je n’ai jamais voyagé mais j’ai touché le monde entier.
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« Meurtre à la Fenice » de Dona Leon
Tout un roman pour le commissaire Brunetti
Arènes de Nîmes
Arenas andines
Où ma petite gardienne de lamas
s’est perdue
Punay! Punay!
Devuelme devuelme
Mi pastorcita perdida
Pâtres et pasteurs
On y revient
Du miel aux cendres
Tristes tropiques
Tres tristes tigres
Nos vies croisées
Entre le clair et l’obscur
À New York
Vit ma fille cadette
Qui chaque soir
Me parle
Depuis Manhattan
J’ai pas tout dit
Attends Attends
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