Souffre un moment encor; tout n’est que changement,
L’axe tourne, mon cœur, souffre encore un moment.
Quel bonheur que de lire ces soubresauts du cœur
Élégies chéniéristes composées par André ;
Mots écrits sur la lyre d’un homme condamné,
Jetant ses derniers vers, délicats et précieux,
Anticipant Verlaine, énergie galvanique
d’un être d’exception qui n’a plus rien à perdre.
Avec André Chénier le monde souffle et souffre,
L’alexandrin assume son désordre intérieur,
Tracé à la lueur de la glaçante geôle.
La Sainte Égalité s’est changée en Terreur,
Têtes dans la sciure avec leur rire affreux.
Souffle un moment encor ; tout n’est que changement.
Cette voix singulière jusqu’au bout a porté,
Le doux nom des vertus et de la liberté.
Italiques André Chénier (1762 1794 7 Thermidor An II)
cet hommage à André Chénier est né de l'étude de Massimilliano Arravecchia Désordres élégiaques au XVIIIè siècle qui vient d'être publié dans le recueil collectif ci-dessous
