Poésie : un arc un souffle une voix Un rien de rien un battement d’exil Jamais assez de ses blessures et de ses joies De son temps qui n’est pas celui du calendrier et ne s’inscrit sur aucun écran d’ordinateur Elle procède par bonds et par replis Les semelles de vent Le coude sur la table Innocente mendiante pauvre première venue C’est pourtant l’humaine mesure dans le monde délabré d’aujourd’hui Paroles dorées paroles timides paroles des places où elle donne du sens aux mots de la tribu la mort l’amour la liberté
Archives de l’étiquette : liberté
LES LIVRES C’EST POUR VIVRE NON POUR S’Y ENFERMER
J’aime tant les livres que m’y enfermer serait creuser mon tombeau
Les livres c’est pour vivre, pour s’aérer, souffler sur des braises avant qu’elles ne deviennent cendres
J’aime tant les livres aux mains des fileuses et des filous qui me mettent en charpie si trop je les loue
Les livres c’est pour prendre congé des charognes et des charniers, c’est la bourse ou la vie, la chandelle ou la bougie, le coucher de bonne heure ou autour de minuit
J’aime tant les livres que voir leur auteur passer à la télé me dissuade de les acheter, le pot de chambre ou le vase de nuit ?
Les livres c’est pour exister à l’écart des prix littéraires, c’est pour caresser le papier d’Arches et boire l’encre d’imprimerie
J’aime tant les livres que m’y enfermer serait m’étouffer, m’asphyxier, me faire mourir à petit feu
Les livres c’est pour libérer la part en nous qui nous arrache au temps
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En cliquant ci-dessus vous verrez apparaître mon dernier livre qui vient d’être publié, comme s’il s’agissait d’un PALIMPSESTE :
Mes textes nouveaux, repris chaque jour, s’écrivent sur mes textes anciens, faisant ce palimpseste – illisible pour les impatients –, duquel j’extrais, de temps en temps, une écriture qui semble présenter quelque intérêt pour ceux et celles qui aiment partager leur pain quotidien. Une écriture toute faite de lectures d’auteurs multiples et non autoritaires.
LA JOIE QUI SIED AUX ÉPHÉMÈRES
Écrire sans raison, c’est ma raison d’écrire. On l’entend sans la voir ma bouteille à la mer. Source des nuits qui la remplit d’une eau discrète. On la voit sans l’entendre en ses formes distinctes : fiasque, fiole, fillette. Écrire sans raison mais non sans résonner sa douleur,1 ou faire résonner son cœur, quand courent sur les lèvres, le désir de chanter l’air, l’eau, le feu, la terre. Libertad bajo palabra 2, liberté sur paroles qui cherchent à travers mon écriture, le Je-ne-sais quoi et le Presque-rien, entre le rayonnement du sens et le contrecoup des signes ! Puiser ainsi dans Jankélévitch donne le tournis, tant le philosophe de « la manière et de l’occasion » manie le jargon. Mais en même temps, le philosophe du Quai aux Fleurs (où il résidait), libère une énergie qui défie l’expression d’un temps pur, « qui est le mode d’être du faire-être » (sic). Tout est, en effet, dans « la manière et l’occasion » : Matisse paralysé utilisant ses ciseaux pour faire danser sa « femme en bleu », ses fleurs-oiseaux ; Rimbaud « notant l’inexprimable ». Un rapace trace le ciel blanc comme un livre Je l’écris et glisse la feuille dans ma poche Elle est trouée comme il se doit Elle est Bohème et Joie distanciée qui sied aux Éphémères.
1 Alphonse de Lamartine 2 Octavio Paz
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LA NAISSANCE AVENTUREUSE D’ALICE LIBERTÉ CHÉRIE
Le tout le rien parler se taire passer ou s’arrêter sur un nom une personne une voix un souffle Souffler n’est pas jouer Jouer aux jeux d’Alice au jardin des Temps suspendus 1 Au pays des mots et merveilles où toute forme nouvelle fait sens Alice Alizée Alice’s adventures in Wonderland Alice Lidellen barque sur l’Isis sur l’iris de l’œil de ce lapin à redingote qui court après son retard retard retard Regarde comme le tout le rien ont ouvert cet espace comme on ouvre sa peau où tambourinent mille échos de livres avec de petits signes sur chaque page Mr et Mme Page ont le plaisir de vous annoncer la naissance d’Alice Alizée Alizea Alisson Richards mais le faire-part hélas ne dit ni où ni quand une souris verte qui courait dans l’abécédaire l’aura rongé Ronger n’est pas ranger ses outils de jardin ses houes ses binettes ses fourches et fourchettes achetées à Leroy Merlin Merlin Merlin Tiens tiens ce sacré malicieux magicien Myrddin Merzhin Connaissez-vous le nom de son scribe ? Celui qui dit à sa mère de « ne jamais se mettre en colère et de garder une bougie allumée en permanence dans sa chambre » quand on écrit des touts et des riens et des longtemps je me suis couché de bonne heure pour bourlinguer parmi des rêves de voyages insensés les seuls qui donnent sens à « l’irrépressible bouillonnement intérieur » (ce doit être une citation)…Le scribe de Merlin vous l’aurez deviné s’appelait Blaise mais ce que vous ne pouviez imaginer c’est que ce soit lui qui fit naître Alice sur un ferry de l’East River un jour béni de Pâques à New York 2 où cent mille violoncelles annoncèrent la naissance de Mademoiselle Alice Liberté Chérie
1 Jacqueline Saint-Jean Les mots d’Alice 2 Blaise Cendrars Les Pâques à New York
Martigues 20 juillet 2022 une nuit où cependant que j’écrivais ce « tout ou rien » j’entendis le petit cri sorti d’un rêve de ma petite fille Alice Richards Dorio
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J’ÉCRIS opus 18
J’écris aussi quand je ne comprends pas ce que je lis
J’écris quand je ressors de la page fanny
J’écris parce que je ne veux pas que ce soit le dit
J’écris alors à ma manière ce que je lis
J’écris parce qu’il n’est pas question que j’abandonne la partie
J’écris homme sans qualité mais motivé motivé
J’écris en m’endormant sur la page X
J’écris en reprenant à la page Y
J’écris comme l’ami Michel à sauts et à gambades
J’écris en m’enfonçant dans la forêt de Dante avec les paroles hallucinées du roi Lear
J’écris afin d’épuiser le sens des mots un à un
J’écris en faisant de mes phrases lues des guirlandes de papier
(Je ne vais pas jusqu’à les accrocher de clochers en clochers)
J’écris possédant pour cette lecture incomprise d’un temps illimité
J’écris sans rechigner à me perdre dans les étymologies
J’écris avec la folle du logis
J’écris en transformant parfois la forme du texte en calligramme
J’écris sur un cahier secret où peu à peu un sens apparaît
J’écris en oubliant ce texte inoubliable
J’écris en m’endormant puis en rêvant de la vague d’Hokusai
J’écris comme lavé de mon déchiffrement d’âne bâté
J’écris devant ce texte dont je tire un à un les fils pour m’en vêtir
J’écris en en faisant de la dentelle
J’écris en mastiquant mon texte pour mieux le ruminer
J’écris vachement surpris de commencer à piger
J’écris en ayant ôté la poussière à mes grains de papier
J’écris mon texte sur le mur blanc qui fait le tour de ma chambre
J’écris en disant à haute voix que oui décidément cette Servitude volontaire comme une roue qui a failli m’écraser ne me fait plus peur désormais
J’écris Liberté