À QUOI ÇA SERT
À quoi ça sert un poème ?
Ça sert à desserrer l’étau
L’étau des souffrances humaines
L’étau des contraintes et des sottises produites par la langue ordinaire
Un poème lu me rend tout œil et toute oreille
Me fait établir des Correspondances auxquelles je n’avais jamais pensé
Un poème écrit – sans cesse se faisant et défaisant – se perd souvent et fait le saut par la fenêtre
Ou bien réalise ce petit miracle : le plaisir d’un texte aux lignes réglées, servant, cinq siècles après,
au dérèglement jouissif de tous les sens :
Or donné par don
Ordonne pardon
A cil (celui) qui le donne
Et très bien guerdonne (récompense)
Tout mortel preud’hom (sage et preux)
Or donné par don
François Rabelais
(INSCRIPTION MISE SUR LA GRANDE PORTE DE THÉLÈME)
Le poème flirte avec liberté
liberté est à la racine du poème
ce souffle d’air qui passe
entre les mots qui nous entrainent
« ça desserre l’étau »
ça défait les nœuds
et ça fait des boucles
J’aimeJ’aime