J’écris ce texte de clôture d’une plume douce
J’écris mezzo voce dans une chambre
entre deux sommes qui nettoient mes pensées
J’écris naturellement (si je puis dire)
J’écris toujours en chantier
J’écris bien entouré
de livres (jamais les mêmes)
d’un dictionnaire de rimes
et, depuis peu, d’un smartphone
qui m’éclaire sur un mot, un nom,
une expression toute faite,
qu’il faut étirer, condenser, modifier
J’écris et ça fait tilt
J’écris du tac au tac
J’écris tic, tic et tic
J’écris pour en finir avec le jugement des dieux
J’écris en dissident
J’écris en décidant d’arrêter là cette série à l’opus 23
J’écris de mon écriture de puce
(piqûre de rappel nécessaire à toute critique
de ce qui prétend être une écriture singulière)
J’écris témoin du temps
Passeur à la mode d’antan
(cadrage et débordement)
J’écris rugby
J’écris essai
(mais nulle foule en liesse
pour exhiber la pancarte try)
J’écris j’essaie
(à la main sur un papier vergé)
J’écris en seconde main sur le clavier
mon texte modifié (à la marge)
ou, parfois, rejeté
J’écris rejetons
(avec ses connotations sans fin)
J’écris comme ma sœur Anne
dans une maison pleine de fenêtres
(traversée de part en part par les murmures
du peuple d’écrivain.e.s)
J’écris pour mon petit-fils
qui va entrer en mat(ernelle) sup(èrieure)
J’écris pour blaguer avec mon papier
J’écris pour virevolter
J’écris en compulsant (un max)
J’écris par intermittences
(du cœur, du corps et de ce qui me reste d’esprit)
J’écris très vite (côté cour d’honneur)
et plus que lentement (côté jardin imparfait)
J’écris en faisant chanter le feutre
(style musique pour une porte et un soupir)
J’écris en commençant par cette fameuse phrase venue des dieux
et en finissant nu comme un vers de Verlaine
et tout le reste est littérature
Martigues 16/07/2021 2heures 53