cinquante-quatre
LA FIN DU LIVRE APPROCHE abarrotada, « craquant » de toutes les lignes qui l’ont précédée. Nous les avons toutes lues, sans en perdre ni mot, ni une palabre, las felices y las infelices. (les heureuses et les malheureuses). Et d’ailleurs, la sabiduria no pide nada más, la sagesse n’en demande pas plus.
Le narrateur, bien que dépourvu de toute aura, est ce héros malgré lui, que nous avons suivi, coûte que coûte, quoiqu’il fasse ou qu’il dise. Le voilà à présent qui sort de la fiction, « cette brume insensée où s’agitent des ombres » et nous invite à le rejoindre sur la plate-forme arrière d’un bus de l’an quarante, afin de faire, une dernière fois nous dit-il, le tour du propriétaire.
Nous montons sans hésiter, comme libéré par tant de liens d’un monde réel qui nous étouffe. Comme convertis en cette pure narration, copie de la copie de la copie de nos vies réelles. Nous sommes en compagnie des êtres les plus divers qui ont peuplé notre existence, et qui pour la plupart ont quitté notre univers, convertis en figures de style de l’infini. Fin de clap, du laps de temps qui fut nécessaire, à l’écriture de ce récit capricieux (et précieux ?).
cinquante-cinq
ÇA MAIS. Un (nouveau) début comme ça mérite le bâton. Mais la feuille de papier, comme dirait l’autre, elle s’en fiche. Ça alors. Ce peut être renversant, l’écriture. Et en même temps, ça doit tenir la page, et si possible faire dans la dentelle.
Un cochon d’écrivain, qui eut un grand succès, distinguait (il se vantait peut-être), la batiste de la valenciennes, la valenciennes du bruges, le bruges de l’alençon.
Allons donc. Allons à London, dans la demi-brume; allons longuement, dire la poésie, dans ses grandes marges blanches, allons à la ligne, pour faire une pause.
(Nouvelle page, nouvelle série, nouveaux fragments d’une écriture-autre, qui à personne, n’a rien demandé.)
JEAN JACQUES DORIO
Martigues 18 septembre-18 octobre 2020