Sur nos tempes passe le temps et la nue, la nuit où, terminant mon texte manuscrit, je l’écris étendu, non dans l’herbe, mais (banalement) dans mon lit où, tout en traçant par intermittences les lettres, simultanément, je les lis.
Sur nos tempes passe le temps et sa lie, le temps mauvais des crimes de guerre, actuellement commis par un autocrate au cerveau pourri, au nom de la Sainte Russie.
Les deux trois rouges au côté droit d’un dormeur du val, jeune, tête nue, tranquille, se sont convertis en des corps déchiquetés, explosés collectivement dans des théâtres, des gares, des supermarchés et aussi, quand le missile aveugle détruit les immeubles, en de pauvres corps d’enfants serrant leurs doudous ensanglantés.
Sur mes tempes où ce que j’écris là, a quelque chose de funèbre, dans des décors noirs et rouges comme ceux de l’ancien Dieu Pan Creator.
Écrire pourquoi, si ce n’est pour ce déchirant appel à l’écriture d’un livre, heurté, troué d’éclairs, en vertu de la loi inévitable, qui veut que qu’on ne puisse imaginer que ce qui est absent.
« Plume en l’absence » et vocation d’un être proustien appréhendant, après tant de temps perdu, un peu de temps à l’état pur.
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