CINQ POÈMES Les poèmes ci-dessous sont destinés tant aux amoureux des livres de poésie qu’aux praticiens d’un nouveau savoir-lire, sur les écrans de la grande conversion numérique. Dans un monde régi par la logique du marché, où l’individu doit être rentable ou périr, la poésie n’a pas de prix : innocente, dérangeante, pauvre et sans valeur marchande, elle est toujours l'humaine mesure, au carrefour des rêves et des réalités, un cami compartit, « un chemin partagé », qui relie maille après maille ses lecteurs dispersés, joie et douleur mêlées dans un simple poème, qui ne fait que passer… 1 JE DÉTESTE L’ART POUR L’ART Dit-il en heptasyllabes Las ramas del vendaval « Les branches du vent d’aval » Je déteste l’art vendu Au marché de poésie El gallo abre el día « Le cri d’un coq dans l’aurore » Le droit d’aimer sans mesure Dit Camus à Tipasa La llum ensalobrada « La lumière sel et poivre » Il dit Je tourne la page J’ai jeté toutes mes clefs Mais c’est pure rhétorique Elle se souvient de tous Ceux qui ont chanté cet air Voce ‘e notte ‘e te Quanta malancunia* Dans le théâtre de rue Les soirs d’été sur la chaise Mélancolie prend le frais Les poèmes sont des pierres Des feuilles des cris du feu Des voix qui viennent du sable Des lettres de tous les âges Adressées aux trépassés Aux noms gravés dans l’oubli Les poèmes se parcourent En tous sens Espace et sauts Gambades de nos vies *Chanson de Napoli que l'on peut traduire ainsi : « Voix dans la nuit Loin de toi, quelle mélancolie ! ». Les autres citations en castillan et en catalan que j’ai traduites avec fantaisie paraissent apocryphes.
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