Sur le papier et sur l’écran
J’écris à n’en plus finir
La nuit et sa béance
Ma plume en l’absence
De mes correspondants
Hommes et femmes
.
Faute de mieux je fais des vers
Qui n’ont hélas aucune fame
Plus fol que sage j’use mes gammes
De pensées sauvages et de bri-collages
.
Sur le papier blanc comme neige
Et sur l’écran noir des coups tordus
Sans aucune explique
.
Si ce n’est un énième exercice
d’une écriture qui déplace les mots
Et les morceaux de phrases
Passe d’une ligne sur l’autre
Avec des insertions
Et des approximations successives
.
C’est une lutte contre l’écrivaillerie
dixit Montaigne
qui en faisait le symptôme
d’un siècle débordé
par les écrits
sur les choses vaines
.
Ma plume en l’absence
achève là son essai
dans l’insatisfaction
Je me console en pensant
que les choses vaines
mises de côté
il est encore temps
de s’améliorer
Dans ce texte bri-collé un paragraphe est la traduction d’un passage écrit par Italo Calvino : La forme de l’espace in Cosmicomics. « une écriture qui déplace les mots »
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Dans La forme de l’espace (The Form of Space) dans Cosmicomics, Calvino joue sur cette idée d’une narration qui se déploie en “déplaçant” littéralement les mots et les perspectives dans l’espace narratif.
Chez lui, ce n’est pas seulement une figure de style : c’est une manière d’illustrer que le mouvement de l’écriture est analogue au mouvement dans l’espace, et que l’agencement des phrases — les décalages, les glissements — crée sa propre géométrie.
Dans votre texte, la phrase :
reprend cet esprit :
Ce qui est intéressant, c’est que dans votre version, cette référence est presque cachée : le lecteur non averti pourrait croire à une simple description d’écriture fragmentaire, alors qu’en réalité vous glissez un hommage à une poétique précise — celle de Calvino qui fait de l’espace un texte et du texte un espace.
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L’apport de Montaigne vient du chapitre De la vanité
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Lecture croisée : Calvino ↔ Montaigne
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