JUSTE UNE PHRASE

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Juste une phrase, comme on se jette à l’eau, sans alibi, sans aboli bibelot, sans être sûr que l’on en viendra à bout.

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Cet être étranger à moi-même, invente sous ma plume légère et court-vêtue, le terme d’étrangéité.

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Bien des gens me connaissent, mais peu me reconnaissent.

31

On a beau l’aimer, le cor au fond du bois, ne guérit pas le cor de notre orteil droit.

UNE LISTE

Une poignée de sable

Un film sur M. Le Maudit

Une fille qui mange un chichi

.

Un collectionneur de poupées russes

Une manière de compter le temps

Un gargantua à ma table

.

Une capote bleu de Prusse

Un bœuf rendu fou par un taon

Une forêt engloutissant les temples Mayas

.

Un fidèle d’ Aoura Mazda

Une poignée de sable prise dans les jardins du temple Ryoan-ji

Le dernier vers de cette liste signée JJ

MOTS ET MAUX

en sept variations

.

Trop de maux et aucun mot pour les dire

Trop de mots tuent l’émotion

Rien de trop

.

Les mots il ne suffit pas qu’on les aime

pour écrire un poème

Il faut les mettre à l’épreuve

des mille et un maux

.

J’ai mal à l’âme

Lame des maux

En quatre mots

.

Des mots et merveilles

aux maux profonds

que l’on essaie

par l’intermédiaire

des mots du poème

de mettre en veille

.

« Céder l’initiative aux mots » rongés par les vers libres visant à faire éclater l’alexandrin du vieil Hugo

Crise de vers et maux exquis (comme des cadavres) orchestrés par un maestro qui vise à la disparition élocutoire des faiseurs de vers

.

La métaphore, transport à une chose d’un nom qui en désigne une autre, des mots et de leurs attributs, aux maux de la tribu.

.

Pour en finir avec ce set poétique improvisé, j’ajoute ce fragment numéro 7, une dernière note (bleue comme il se doit), un fa dièse venant clore ( à défaut de les colorer) mes fadaises sur mots et maux, mots à mort, bouche cousue de fil noir, murmures et réminiscences, étoilant ma page d’origine vierge, écrite durant une nuit blanche.

SUR LE PAPIER ET SUR L’ÉCRAN

Sur le papier et sur l’écran

J’écris à n’en plus finir

La nuit et sa béance

Ma plume en l’absence

De mes correspondants

Hommes et femmes

.

Faute de mieux je fais des vers

Qui n’ont hélas aucune fame

Plus fol que sage j’use mes gammes

De pensées sauvages et de bri-collages

.

Sur le papier blanc comme neige

Et sur l’écran noir des coups tordus

Sans aucune explique

.

Si ce n’est un énième exercice

d’une écriture qui déplace les mots

Et les morceaux de phrases

Passe d’une ligne sur l’autre

Avec des insertions

Et des approximations successives

.

C’est une lutte contre l’écrivaillerie

dixit Montaigne

qui en faisait le symptôme

d’un siècle débordé

par les écrits

sur les choses vaines

.

Ma plume en l’absence

achève là son essai

dans l’insatisfaction

Je me console en pensant

que les choses vaines

mises de côté

il est encore temps

de s’améliorer