Il était une fois
L’enfant des migrations
Et des disparitions
de ses parents
en chair et en os
L’enfant phares de sa vie
éteints
Hagard perdu
Dans un kibboutz
Mis à feu et à sang
Au pied d’un immeuble
volé en éclats
de Gaza
Il était une fois
le trou noir de l’histoire
avec sa grande H
comme l’écrivit
Georges Perec
L’enfant sans « e »
Eux ses chers parents
Broyés par notre dernière guerre
Il était une fois
Il était une autre horrible fois
Martigues 18 décembre 2023
Hantent toujours mon encre
les enfants seuls dans les cendres
Jacqueline Saint-Jean
Hibarette
Enfant sans "e", père sans lui...L'horreur des misères accumulées, exagérées, ne me leste pas davantage que l'absence du fils...Souvent je ne vois plus qu'un seul visage...
Jean-Louis Rambour
Bayeux
Category Archives: la prose du monde
À LA POURSUITE D’UNE PAGE PERDUE
À la poursuite d’un poème que je n’arrive pas à rattraper
C’est qu’il manque sans doute de réalité
Telle cette lecture assassine avec des yeux d’Adjiani
(je devrais mettre des guillemets)
Au pays d’Agagaragon on écrit des vers de la prose
On a quelque chose de Jekkyl et de Hyde
Del viejo leyendo novelas de amor
de The old man and the sea
Si par cette nuit d’automne un voyageur
reconnaît dans cette page perdue
le principe de l’iceberg
Nous ne lisons qu’un dixième de la page
Le reste sous le texte sont paroles gelées
Martigues 15 décembre 2023
LE MASSACRE DES INNOCENTS
Je perds les pédales devant l'horrible guerre
-C'est pas juste dit un enfant
Après l'Israélien c'est un Palestinien
qui parle
Je suis entouré d'arbres qui me regardent
Je les entends me menacer
Je ne sais au juste ce qu'ils me reprochent
Difficile pourtant d'esquiver
Mais dire la détresse comme elle est
N'est pas donné à la langue de tous les jours
(les mots des tribus ennemies ajoutent de la haine au désespoir)
Le nom qui donnerait un début de réponse
Reste sur le bout de la langue
Mais non l'œuvre picturale
que je ressors soudain de ma mémoire
Je l'ai vue et longuement contemplée
Au temps de la Guerre du Vietnam
Au Moma à New York
Avant qu'elle ne revienne
Au musée de la Reine Sofia
À Madrid
(après la mort du dictateur fasciste espagnol)
-C'est pas juste disent les enfants des deux peuples ennemis
C'est de plus en plus nous qui subissons le massacre des innocents
Combien d'années maudites faudra-t-il encore passer
Avant de revoir refleurir la paix l'art
le petit bonheur d'Exister
Martigues vendredi 8 décembre 2023


Si personne ne dit rien je dis : le tragique c’est quand les deux ont raison.
Nous irons sûrement au bout du tragique.
Michel Chalandon
Un cumulus de violence mine toute image de son cœur sombre,
et les cris lointains traversent l’espace.
Pas de remparts pour la plainte humaine,
et les mots tombent dans nos sommeils,
où remue sans fin tout un monde blessé.
Jacqueline Saint-Jean
IL FAUT LA PITIÉ
Il faut la pitié Il faut donner la pitié dit le rêve Mais quelle pitié ? Et quel rêve ? C’est une voix de femme Qui s’exprime Devant une carte incertaine accrochée sur le tableau d’une école Pour les enfants d'une même terre Séparés par l'Histoire Avec sa grande H La nuit s’est refroidie « Il faudrait un programme de l’O.N.U » Entend-on encore dans le lointain Mais l'O.N.U. est nue Il faut la pitié IL faut donner la pitié Aux enfants des deux Terres sacrifiés Si nos ennemis aiment leurs enfants Autant qu'ils nous détestent Alors la paix viendra dit la voix
MÉLI-MÉLO
Méli-mélo Petit vélo Dans la tête Cœur mis à nu Le corps Sur scène Ni une ni deux Chante l’aria De l’enfant De Bohème La partition Est déchirée Graves aigus Se font la guerre Méli-mélo Ma muse tremble Elle est l'otage D’un monde Habité par la terreur Martigues 27 novembre 2023