L’INSTINCT DE POÉSIE

J’entends le vent du sud avec de fortes ailes

Un poème dans la nuit fait un geste

Je ne me suis jamais dit poète mais j’ai gardé l’instinct de poésie en consacrant au moins un instant quotidien à l’écriture d’un poème

Je suis chaque fois, comme à présent, au pied du mur, au bord du vide, cherchant voie et voix, rimes et rythme, me  remémorant certains vers appris par cœur depuis l’école communale

Attendant, hésitant, puis lâchant les chiens sur les traces d’une ballade, d’un sonnet ou d’une forme indéterminée que j’abandonne  à la fin sur le papier, puis sur le blog, de guerre lasse

LES POÈTES EN HERBE

J’aime les poètes en herbe

Quand on les sent perdus

Mais qu’ils ne rechignent pas

À leurs invocations

O toi qui m’apparus

Dans le désert  des rues

Ils mettent à la voile

Ils chantent comme ils aiment

Rires et douleurs

J’aime leur innocence

Car ils n’ont peur de rien

Hymnes à la Vérité

Pensées des morts

Romances sans paroles

Mais un jour

Adieu commencements

étincelants

Adieu ivresse des premiers pas

L’ennui et la répétition

les ont annihilés

L’herbe verte a jauni

DANS LA MAISON DU POÈTEREAU

Dans la maison du poètereau

Le temps s’écoule entre deux mots

Entre présent (futur passé) et temps zéro

Dans la maison de vers tracés au cordeau

La corde vibre entre deux maux

Le mal de l’idéal le mal des mal-aimés

Le corps s’afflige puis se reprend

Cesse ses plaintes de piètre penseur

Tire l’esprit vers l’extase verbale

Grosse modo  vers l’inspiration du Père Hugo

Dont l’égo surabondant se mue en voix de Dieu

Au bord de l’infini Victor prophète et messie

Joue la Comédie surchargée d’éternité

C’est et ça peut paraître boursouflé

Mais comparé aux petites bouches et aux poids plume qui se vendent au marché de la poésie aujourd’hui

Tout est pardonné

POÈMES NON LUS POÈTES DISPARUS

Jamais on n’a autant écrit de poèmes et jamais on n’en a aussi peu lus

J’ai lu ça il y a des plombes

J’ai lu aussi que les neuf dixièmes des livres sont inutiles mais on ne peut discerner lesquels qu’après coup

Longtemps Longtemps Longtemps après que les poètes ont disparu