LA POÉSIE

Quelquefois je ripe

D’autres fois je drope

Je lutte hop hop hop

Contre la langue morte

Des romances sans tripe

.

La poésie laissez-moi rire

Elle est passée dans la poêle à frire

Des ragots sociaux

Méchants et sans envergure

.

Quelquefois je la drope

Et je rebondis

Vers la voûte d’étoiles

Où flambe la beauté

L’espoir à l’ancre ripe

Sur l’inconnaissance

FAIRE ROMAN

Les histoires n’arrivent qu’à ceux qui sont capables de les raconter a dit je ne sais plus qui

Un jour peut être quand j’en aurai fini avec mes exercices poétiques je ferai du roman

avec plein de drames et de rebondissements

J’enfermerai mes personnages dans un labyrinthe d’incertitudes

à Paris les années paires

à New York les impaires

Ce sera un roman qui n’en finit pas comme ce commencement écrit de bonne foi à la mi-juin de cet an 2024

(Un roman dans lequel cependant réflexion faite j’hésiterai à me lancer car dixit ceux que l’on nomme les écrivain.e.s croire au pouvoir des livres de fiction submerge tout le reste et en comparaison notre propre vie se rapetisse au point à la fin du parcours de tendre vers zéro)

JJ Dorio

Martigues 15 juin 2024

UN VOYAGE EN HIVER

Maintenant pour alimenter mon conte qui n’en finit pas de commencer je reprends comme on fait reprendre un feu réticent quelques débuts d’aventures écrites en italien par un écrivain majeur du siècle XX.

Soit comme ils viennent dans cette édition à couverture verte achetée à la Tour de Babel la librairie italienne rue du roi de Sicile ( métro Saint Paul) : l’avventura di un soldato, l’avventurra di un bandito, …una bagnante, un impie gâté, libre traduction de mon ordinateur fâché avec l’italien, c’est impiegato qu’il faut lire, puis toujours dans la langue de Calvino, un fotagrafo, un viaggiatore, un lettore, un miope, una moglie, due esposi, un poeta, un sciatore, un automilista.
Ce qui donne en français dans le texte et par ordre alphabétique, les aventures d’un automobiliste, une baigneuse, un bandit, deux époux, un employé, une épouse, un lecteur, un myope, un photographe, un poète (vos papiers), un skieur, un soldat, un voyageur.

Si par une après-midi d’hiver mon voyage de janvier s’est terminé hier par un vol éclair d’une heure quarante entre Londres Heathrow et Marseille Marignane. Nous avons vu toutes les Alpes sous la neige, le mont Ventoux, la Sainte Victoire, et viré de bord sur l’antique Phocée.
Le chapitre était fini A. lut rapidement les premières lignes du suivant qu’il jugea étonnamment alléchantes…(l’aventure d’un lecteur)

Paris 16 janvier Martigues 24 janvier 2024

A. non era pero un lettore affrettato, famelico. Era arrivato all’eta in cui le seconde o le terze o le quarte letture danno piu piacere che le prime. Eppure aveva ancora molti continente da scoprire.

(on demande un traducteur ou une traductrice)

DES PAGES GRAVÉES DANS LE MARBRE

Aujourd’hui j’ai vu des pages et des pages gravées dans le marbre : de la pierre de Rosette à l’épopée de Gilgamesh

J’ai vu j’ai lu j’ai regardé avec une attention extrême si bien qu’il y a eu un moment où je me suis évaporé

Revenu à moi je me suis fait la remarque que j’avais vu des pages et des pages de tablettes de signes et aucun nom d’auteur aucune signature Alors j’ai imaginé un musée d’aujourd’hui où l’on pourrait voir affiché la littérature et les essais du siècle XX sans noms d’auteurs (en anglais à Londres, en espagnol à Madrid et à Mexico et à Buenos Aires, en italien à Rome, en portugais à Lisbonne…)

Et pour Paris voilà ce que l’on pourrait lire dans la première salle (c’est juste le début chacun doit continuer le combat) :

C’est ce qui échappe aux mots que les mots doivent dire…C’est une grave erreur de croire en une écriture féminine ou masculine…Il n’y a que des écritures tout court et plus elles sont androgynes mieux c’est…Ah tiens mais comme je suis contente quelle chance de vous rencontrer dans cette librairie Hachards…Je vous présente mon père avec qui nous sommes à la recherche d’un livre devenu introuvable…mais sait-on jamais ici…Son père réservé comme attendri arbore un sourire timide gêné…il a vu à la première page cette dédicace imprimée : À mon père…

Londres 19 et 20 janvier 2024

FAIRE DU MONDE UN GRAND COMMENTAIRE SANS PAGE FINALE

J’y trouve toujours, parfaitement indomptable, une sorte d’incitation troublante à écrire sans arrêt, à écrire au point de tout noter et de faire du monde un grand commentaire perpétuel sans page finale.

Enrique Vila-Matas (Mac y su contratiempo) traduction de l’espagnol André Gabastou

Je lis et je bondis sur toutes les phrases écrites publiées dans ses livres par mon écrivain new-yorkais – mes lectrices-lecteurs n’ont pas oublié j’espère que son corps habite la rambla de Catalunya, mais son âme voyage voyage – un coup comme ce soir où je bronche sur un passage écrit depuis le Grand Central new-yorkais, un autre à Lisbonne, un autre à Paris où il crèche dans la chambre de bonne au-dessus de l’appart de Marguerite D. Ou bien, c’est son dernier opus, à Montevideo dans la chambre d’hôtel d’une nouvelle célèbre de Julio C. La puerta condenada

Maintenant je me frotte à la bataille des citations dont il fait grand usage Soit : ce dont on ne peut parler il vaut mieux le taire, contrecarré, si je puis dire, par Tout ce que j’écris tout ce que je dessine relève de l’enfance et du courage d’enfance qui commence à faire d’abord et à réfléchir après

La première serait de Wittgenstein la seconde je l’ai recopiée hier sur les murs du majH écrite de la main de Joann Sfar à qui est consacré une exposition explosive inventive généreuse infantile dans le meilleur sens du terme (on ne se souvient pas sans doute que c’est ainsi qu’André Breton qualifiait l’art de Mirô qu’il admirait)

Paris 12 janvier pour le premier jet Londres 17 janvier pour le texte présent et en particulier la citation ouvrant le bal