QUE SONT MES AMIS DEVENUS

Je manque de cœur à l’ouvrage m’a dit Lou à Varage du côté de la mer en rage de n’avoir pas à sa disposition tout son sel ( son sel et même davantage )

Je manque de sœur à l’ouvrage de celle qui répond toujours au téléphone pour consoler les cœurs en peine de n’avoir pas le cœur à l’ouvrage

(la suite manque)

22 juillet 2025

Écrit à Ancizan (Hautes-Pyrénées) où j’ai passé bien des jours et des nuits dans les années 70 le cœur vaillant à refaire le monde avec maints amis (et amies, comme il se doit)

(2 commentaires de 2 poètes éloignés par les siècles, proches par le verbe vibrant)

PERDRE L’HABITUDE

PERDRE L’HABITUDE

Qui t’a donné une philosophie aussi gaie ?

 -L’habitude du malheur.

Beaumarchais (24 janvier 1732 Paris-18 mai 1799 Paris)

L’habit d’éTude d’une forme flottante sur un papier gris bleu

Si j’étais musicien mugicien

j’écrirais un madrigal

pour loup de mer pris en ses rets

pour luth d’Arcangelo Corelli

pris en ses ré dièses

Mais ici je flotte j’écris d’un jet de dictionnaire :

écoulement généré par une quantité de mouvement ou une flottabilité initiale et se développant le plus souvent dans une ambiance au repos

J’écris précisément depuis la Hourquette d’Ancizan Hautes Pyrénées

sur ce bloc gris bleu que je me suis mis en tête de saturer d’écriture

ce 24 mars 1977 -précisément- avec un stylo feutre bleu fin


L’ORCHESTRE Ellington, c’était, pour nous,  » la famille  » Ainsi s’exprime l’opinion globale de ses musiciens interrogés. Une famille où quelques-uns continuaient de s’aimer en se faisant la gueule, en parlant peu ou pas du tout, des mois durant, comme Hodges et Bigard, mais où chacun éprouvait le sentiment de participer à une communauté sans équivalent. Vingt-cinq ans après l’avoir quittée, un de ses membres gardait l’impression, toujours, d’y appartenir. Cette troupe, unie par quelques affinités et beaucoup de hasards, puis d’habitudes et d’intérêts, un livre de Stanley Dance nous la fait découvrir hors de la scène, dans les coulisses et les hôtels où elle se détendait, les wagons Pullman où elle se prélassait, les exténuants autocars où elle bourlinguait. À  » la famille « , on reprocha, sur la fin, d’être devenue patriarcale, alors qu’elle était collégiale, au début. Mais on n’en continuait pas moins de se trouver et de se retrouver, en son sein, mieux qu’ailleurs. La plupart des grands fugueurs y revinrent : Hardwick, Tizol, Hodges, Cootie.

Lucien Malson Le Monde de ce 24 mars 1977

J’écris je laisse aller le projet

je serais metteur en Seine

tu serais ma noyée

réanimée par le bouche à bouche amoureux

breveté par la croix rose bonbon

Je lave chaque matin mes métaphores dans le lavoir du village plus haut nommé

Lavoir aux alouettes où passent les rumeurs du monde rouge sang amours jaunes

Le bœuf aux sept cornes la vague d’Hokusai multipliant le mont Fuji

Apprendre un peu chaque jour un cœur d’oiseau primevéral battant la chamade

Apprendre un max l’imagination inscrite dans l’horizon d’un monde indicible impensable

L’imagination est l’exploration de cet impensable à travers l’effort qu’elle déploie pour s’étendre

Paul Ricœur Cours sur l’imagination Chicago 1975

TEXTES DE SURVIE

XV° TEXTE DE SURVIE selon l’ordre des nuits, mais non l’ordre des chapitres  de ce livre fantôme dont j’extrais une à une les pages invisibles.

Choses qui ne font que passer, lit-on dans les notes de chevet de Sei Shônagon, poète japonaise de la Cour impériale du XI° siècle. Comme un « plagiat anticipé », de ce cher Michel qui dans son château de Montaigne, sous les poutres ornées de sentences, « peignait le passage ».

Cette nuit ce sont, promenades en voiture, hirondelles faisant leur nid dans l’étable, jeux de marelles tracées sur la plage, pages sur papier bible tournées en mouillant le pouce ou l’index, giboulées de neige sur cette place d’Ancizan où je vécus sept ans.

Ancizan en vallée d’Aure (Hautes Pyrénées)