J’ÉCRIS COMME JEAN JACQUES DORIO…

…rencontré naguère dans un atelier où l’écriture ravageait nos vies en poésie 
J’écris travaillant l’écriture au corps Traversé de haïkus et d’aphorismes
J’écris sur le court d’un tennis Marqué à tout jamais par l’empreinte du champion Bjorn Borg :

La balle est ronde Le jeu est long
J’écris long renvoyant dans les cordes les jeunes hommes pressés et les jeunes filles en fleurs
J’écris de ci de là en ne pensant qu’à ça

(on pourrait croire)
mais la plupart du temps sans y penser
J’écris sous les combles Sous un vasistas Où la lumière pleut (et neige parfois)
J’écris en imaginant Bartok écrivant ses partitions des Microcosmes

J’écris créant ce microclimat propice aux pages d’écriture faisant la navette entre micro et macrocosme
J’écris dans un camping-car Volkswagen Qui m’a mené naguère (avant la prise de pouvoir par les Ayatollahs) Jusqu’à Téhéran

J’écris en oubliant d’écrire souvent
J’écris en me jouant du temps
J’écris en le laissant filer Ou en l’arrêtant

J’écris sur une table Louis Philippe ronde en noyer trouvée sur le bon coin
J’écris sur du papier clairefontaine extrastrong acheté à Bureau Vallée
J’écris sans confondre mes textes quasi bibliques avec les bibelots abolis du bon Mallarmé
J’écris avec et contre les sonnets en X les phrases incises et les ellipses
J’écris sans l’ombre d’un bruit exceptée cette langue qui caquette et qui bruit

J’écris sans réfléchir une première ligne qui déclenche le reste
J’écris anche en songeant à mon ami Rambour qui habite rue Franche
J’écris France du nom d’une bergère rencontrée en Mai 68

J’écris Bergère Ô Tour Eiffel comme Guillaume Apollinaire
J’écris cette aubade inachevée en écoutant Les Double Six

Qui m'invitent à faire un tour au bois (Walkin')