MA VIE TOUT UN POÈME



Pour et avec Claude Brugeilles

J’allais Je m’en allais Dans l’allée d’un passé
Remontant le futur Avec chapeau et canne
Bleu soutenant ma veste mes yeux la fumée
de ma pipe Nom d’une pipe en bois de cèdre
Du Liban  de l’Atlas Cedrus brevifolia
Cèdre de l’Himalaya Oh ! là là là là

J’allais Je m’en allais Dans ma tête espiègle
Des chouettes et des hiboux Des femmes à tête d’aigle
Fantasmes et fantaisies Images fantastiques
Humour des interludes qu’on prend en pleine tronche
Caprices et ritournelles face à ce qui nous ronge

Un peu funambulesque Musant avec les Dieux
Des sauts à l’élastique Des boules de cristal
De Bobo de Bohème Ma vie tout un poème

Martigues 31 octobre 2022

ma voix tout un poème

UN PEU DE BLEU SUR UNE FEUILLE BLEUE





1

Ce moutard était là avec un air idiot à jouer…devinez ? du bilboquet ! Ah ! il avait enfilé dix-neuf fois la boule ! et il continuait en comptant : vingt, vingt-cinq, trente…ça ramassait le monde…

Charles Cros

Maintenant aussi il faut bien se persuader de l’inutilité de cet exercice : un peu de bleu sur une feuille bleue

C’est comme le monologue du bilboquet paru en 1877 dans la Renaissance littéraire et artistique

Un texte à pleurer de rire

Mais totalement inutile

Sauf qu’en le lisant à plusieurs

Un verre de vin à la main

On reste sur le cul

Comme écrivait crûment un autre animal littéraire

à propos d’un autre jeu littéraire plus métaphorique et mélancolique

Ma jeunesse est partie

Ma jeunesse est finie

Ce qu’il y a de bon avec les exercices d’inutilité faits avec un peu de bleu sur une feuille bleue

c’est qu’il est inutile de chercher une conclusion

la chute vient d’elle-même

et la boule d’ivoire n’a toujours pas rencontrée

le mince bâtonnet


	

CIEL BLEU ET BRISE DÉLICIEUSE

 
Je ne suis pas fatigué de poser chaque jour ces écrits incertains,
mais quand même.


Je ne suis pas si recru de paroles gelées pour ne plus croire aux bienfaits
des mots tissés sur mon petit métier*,
mais quand même.

Je ne suis pas si naïf pour ne pas savoir que mon jeu de marelle ne ravit
que les enfants et les raffinés**,
mais quand même.

Je ne suis pas si égaré pour confondre la poésie du quotidien avec
le tour d'un jour en quatre-vingts mondes, mais Julio Cortázar, si.

Et si je suis encore fringant pour écrire des poèmes sur feuillet noir et blanc
- sans noircir le tableau –
Je sais bien qu'il faut être fou pour croire encore aux images des poètes,
mais quand même.

J'ouvre la fenêtre, il fait nuit, il fait froid et humide, mais j'écris les yeux fermés :
Ciel bleu et brise délicieuse.

 
**Max Jacob




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