À L’ÉCART

À l’écart et avec maladresse

Tu te lances dans cet exercice d’écriture

Dans ta petite église

Il n’y a ni croix ni bannière

Ni Dieu pour te sermonner

À l’écart et avec maladresse

Tu écris sautillant méditant

Sur l’étrange étrangeté qui t’assiège

Tes lignes passent et repassent

Au croisement de chaîne et trame

Faisant ce texte à goût d’inachevé

Il ne faut pas en faire un drame

ESSAIM D’ABEILLES IVRES DE MAI 68

C’ÉTAIT LE TEMPS DE TOUS ET DE DÉGUN

J’ai fait Mai à ma main m’a dit l’O.S. sur la chaîne arrêtée de chez Citroën

5  C’ÉTAIT LE TEMPS DES BAGNOLES qui sortaient à la chaîne des usines où l’on chronométrait les cadences C’était le temps de De Gaulle qui sortait son képi sur le chef - Alors on ne salue plus mon Général disaient les sales moineaux de la chienlit ? C’était le temps des barriques et des barricades Des assemblages de pavés de grilles et d’arbres de la ville C’était le temps des déesses ces ouatures sans essence qu’on poussait à la fin des fins sur le Boulmich et qui prendraient feu entourées de clameurs et de dialogues enflammés C’était le temps des mégaphones et du boucan des grenades dans les transistors où l’on collait l’oreille l’esgourde la portugaise ensablée sous les pavés C’était les pendants d’oreilles du temps des cerises Pendant que l’on écrivait sur les murs Faites l’amour pas la guerre C’était le temps d’Ulysse l’inventif déclamant l’Odyssée du quartier latin C’était le temps où tout le monde était personne et toute personne Dégun  Dégun à Marseille c’est Personne
voix jj dorio 04/03/2022