C’ÉTAIT LE TEMPS DE TOUS ET DE DÉGUN J’ai fait Mai à ma main m’a dit l’O.S. sur la chaîne arrêtée de chez Citroën 5 C’ÉTAIT LE TEMPS DES BAGNOLES qui sortaient à la chaîne des usines où l’on chronométrait les cadences C’était le temps de De Gaulle qui sortait son képi sur le chef - Alors on ne salue plus mon Général disaient les sales moineaux de la chienlit ? C’était le temps des barriques et des barricades Des assemblages de pavés de grilles et d’arbres de la ville C’était le temps des déesses ces ouatures sans essence qu’on poussait à la fin des fins sur le Boulmich et qui prendraient feu entourées de clameurs et de dialogues enflammés C’était le temps des mégaphones et du boucan des grenades dans les transistors où l’on collait l’oreille l’esgourde la portugaise ensablée sous les pavés C’était les pendants d’oreilles du temps des cerises Pendant que l’on écrivait sur les murs Faites l’amour pas la guerre C’était le temps d’Ulysse l’inventif déclamant l’Odyssée du quartier latin C’était le temps où tout le monde était personne et toute personne Dégun Dégun à Marseille c’est Personne
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FRAGMENTS BRISANT LE CADRE DE MON PETIT TEXTE
Dans ma poche il y a de petits morceaux d’argile de la Goajira
Une indienne au visage peint en noir nous fit ces petites formes à tête d’oiseau
Sans mains sans pieds
Mais avec une assise callipyge

Il y a aussi ces fragments d’os de seiche recueillis sur notre plage de Fos
que j’ai recouverts de signes que tu appelais mes chinoiseries

Il y a tes dernières paroles que tu m’écrivis les yeux humides
sur le canapé un matin de ce printemps maudit
Il y a tout ce que je suis en train de rassembler pour te reconstruire
Et qui m’échappe à jamais
Dans ma poche
Sur ma page
Dans ma tête ouverte à tous les sens
Et qui brise les cadres de ce pauvre petit texte
Sans voix
Sans toi
J’AI RÊVÉ
J'air rêvé que l'on me préparait une horchata de chufa
C'était dans un café qui faisait face au Lyceo
Sur les Ramblas
en 197..
J'ai rêvé que je mâchais de la canne à sucre
pour tenir le coup jusqu'au soir
quand on rentrerait de la pêche
avec les indiens panaré
Et que l'on dégusterait assis sur nos cuisses
le poisson boucané
J'ai rêvé que j'allais à mon enterrement*
Dans la forêt pleine d'esprits
Où l'on installe ton corps sur un arbre
Avant de faire de tes os
Une poignée de poudre
J'ai rêvé qu'en jouant du violon
devant notre haie de pittosporums
Tu m'étais apparue
Dansant la plus que lente**
J'ai rêvé de nos adieux
Et de cette brassée de bruyère
Que je déposerai demain dès l'aube*** sur ta tombe
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t'attends*
*Guillaume Apollinaire **Claude Debussy ***Victor Hugo