QUENALDIENNES

QUENALDIENNES

Petite Cosmogonie Portative
Premier chant

les italiques de Queneau sont

Je rassemble des mots venus du bon Queneau
Bon et aussi méchant quand sa plume dictait
Cul de sèche momie La terre conchiant
L’espèce hyménoderme de quelque pute à Scion
Bon et aussi pervers en ses vers polymorphes
S’apprêtant à forer l’ovule arithnoïde
Jetant ses termes exacts sur des ovaires vagues
Je recopie ici des vers modifiés
De sa petite cosmogonie portative

Conjugaison

Je bourgeonne je soupire je halète je ahane je boutonne je pleurniche je grommelle je drageonne je boursouffle je suppure je purule

Substantifs

Bourgeonnements soupirs halètements ahans boutonnements pleurnicheries grommellements drageonnements boursouflures suppurations purulassions 

JE SUIS CE CHANT CETTE ROMANCE D’UN 19 JANVIER 2023

ET JE CHANTAIS CETTE ROMANCE CE 19 JANVIER 2023 un Je qui joue à cache-cache dans mon écriture Jeu que ma main fait démarrer en faisant se mouvoir ce stylo lettre à lettre Je suis cet Autre assurément Je suis la voix étrange des romances sans paroles Je suis celui qui ne se satisfait pas de la déploration élégiaque de tout un pan (panpanpanpan) de la poésie française Je suis l’oreille de Marguerite chantée dans son palais par Pierre de Ronsard Je suis le mendiant près des cafés princiers à qui on jette une pièce de bœuf Je suis le marcheur des forêts vertes guettant les rayons du soleil qui se brisent dans ses étangs Je suis la berceuse qui endort petit chat noir dans le lit où nous dormons pattes dans bras Je suis chansonnier au Lapin agile Je suis l’arlequine qui exaspère les charlatans crépusculaires Je suis le convive goûtant le méchoui d’un agneau élevé dans les Alpes de Haute Provence Je suis l’églantine mutine que les villageois appellent gratte-cul Je suis le penseur du libre essor d’Élévation comprenant le langage des fleurs et des choses muettes Je suis le cageot la bougie et la cagette Je suis le cœur mal le cœur à la lune Je suis le coffret de santal qui accompagne mes insomnies (Je ne dors pas quel est mon mal ?) Je suis les idylles découpées en des vers délicats où s’égarent nos pas Je suis mon petit Lou ma compagne des spectacles en plein air de la place Mirabeau où nous aimâmes tant les spectacles des nuits d’été (Le bal du théâtre du Campagnol fut notre préféré) Je suis un kaléidoscope que l’on secoue entre rires et sanglots : Guernica ou la Vénus d’Urbino ? Je suis la planète Vénus que les bergers confondaient avec leur étoile (celle-là même que j’ai vu s’éclairer hier soir après que le soleil ait plongé dans le golfe de Fos) Je suis ce Juste exécré par le poète adolescent d’une saison en enfer : « Ô Juste ! nous chierons dans ton ventre de grès » Je suis l’inquiet désir d’une princesse vouée aux joies et aux tourments d’une âme amie chérie de celui qui écrivit sa grande œuvre dix ans durant dans son lit Je suis le Temps qui me pousse m’invective et me pique de son aiguillon (comme si j’étais un bœuf à qui l’on met le joug pour aller au travail) Je suis cette romance de 2023 à la semblance du beau phénix Si elle meurt cette nuit le matin verra-t-il sa renaissance ?  

À L’ENVERS DE LA NUIT

À l’envers de la nuit je tisse les chants d’un cygne qui si j’en crois Wikipédia drense ou drensite, siffle, trompète…(« de la renommée vous êtes bien mal embouchée »1 À l’envers de la nuit À l’endroit de mes vers qui passent courants d’air sur l’ennui qui nous nuit sur ce cygne à la mort dont aucun signe mord Cygne plus blanc que le linceul 2 dans lequel chaque nuit je me couche Cygne d’autrefois Fantôme qu’à ce lieu son pur éclat assigne (c’est du pur Mallarmé) À l’envers de la nuit À l’endroit des poèmes qui nourrissent Eros l’Amour et Thanatos la Mort frère jumeau d’Hypnos Mon chant indifférent au pathos clapotis tressaillements des Poètes maudits que Verlaine (qui les magnifia) métamorphosa en poètes absolus par l’imagination, absolus dans l’expression, absolus comme les Rey-Netos des meilleurs siècles (je laisse au lecteur l’énigme des Rey-Netos) À l’envers de ces œuvres en effet absolument modernes Le Corbière railleur Il se tua d’ardeur et mourut de paresse Son seul regret fut de n’être pas sa maîtresse Le Rimbaud voyelleur A blanc E noir I rise O range U rsule (c’est un faussaire qui recopie) Le Mallarmé (encore lui) façonneur de tombeaux Tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change et la Marcelline Les femmes je le sais ne doivent pas écrire J’écris pourtant J’écris en achevant bien les chevaux de l’Apocalypse qui ravagent aujourd’hui l’Ukraine J’écris ce chant perdu pour les lecteurs éveillés qui avant de s’éclipser dans la blancheur sombre 3 d’un mythe jettent leurs derniers cris  1 Brassens 2 « linçol en occitan désigne en effet un drap 3 Hugo (bien sûr)

28 juin 2022

https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi

COME DI LE CHANT SOUS LE TEXTE

Comédie
La comédie d’un jour
« come di » Paolo Conte
Tragédie 
Paroles démentes du roi Lear

Ire ou ivresse
Tu n’emporteras icelle en paradis
dit le manuscrit
issu de quelque encrier sans nuit 1
ou bien du retour de la lumière absconse 2


Lire des Poésies
Cette pratique que les contemporains
Camelots activés par la pression de l’instant1
Savent de moins en moins exercer

Incapables d’apprendre à déceler
L’air ou le chant sous le texte1

1 Mallarmé 2 Marot

J’ÉCRIS opus 3

L'homme écrit sur du sable
Moi ça me convient bien ainsi
L'effacement ne me contrarie pas
À  marée montante je recommence

Jean Dubuffet

J'écris noir sur blanc avec beaucoup de blancs
dont j'ai besoin pour écrire un poème

J'écris sans hésiter mais si lentement
que quand je me décide j'ai éliminé
ce qui m'était venu à l'esprit d'emblée

J'écris dans la nuit blanche des poèmes
antérieurs à toute écriture
comme un chant itinérant

J'écris d'un lieu à l'autre
allongé dans le hamac le lit
marchant dans les Andes péruviennes

J'écris devant le lac Titicaca
et sur la pierre du soleil de Machu Picchu

J'écris avec le pinceau de Mi Fu
c'est le va et vient du souffle
qui fait que trait est gros ici
et maigre là

J'écris maigrelet des formes et des lignes esquissées
esquisitas (délicieuses)

J'écris en noir de Chine' des phrases sans mots
Dessinant sans que je m'en mêle mes hypnographies



hypnographies Jean Jacques Dorio