ÉLOGE DES INSOMNIES

ÉLOGE DES INSOMNIES

Je peuple mes insomnies de lectures et d’écritures éclairées par les nuits qui nous transfigurent. Il est vrai que ces séances de nuit que j’ai toujours pratiquées, ont été libérées dès que j’ai pu jouir de ma « retraite », sans me préoccuper de l’heure à laquelle « j’émergerais » de mon sommeil le lendemain.

Ainsi en cet instant, au milieu de la nuit, je lis lentement, très lentement, le chapitre « Rêver de dormir » d’une philosophe enseignant à la Sorbonne. Elle me donne une citation de Jean Jacques Rousseau dont je vais faire florès : C’est la nuit dans mon lit et durant mes insomnies que j’écris dans mon cerveau.

C’est la nuit dans mon lit que ma plume écrit au ralenti.

C’est la nuit dans mon lit que je prends tout mon temps pour lire et surtout relire mes livres culte.

C’est la nuit dans mon lit que je nage à contre-courant d’une société obsédée par la performance et le désir puéril de se montrer toujours d’attaque.

C’est la nuit dans mon lit que je recopie des phrases énigmatiques qui, je ne sais pourquoi, me font signe : L’ennui est l’oiseau de rêve qui couve l’œil de l’expérience.

C’est la nuit dans mon lit que mes yeux peu à peu se ferment et que je clos ainsi ces instants précieux par cette phrase rituelle : À demain les affaires.

L’ORTOGRAFE EST UNE MANDARINE

ÉLOGE DE L’ORTOGRAFE Écrire selon l’orthographe. Pour les mots compliqués je m’y reprends souvent. Mais je n’aime pas raturer. Alors je laisse les erreurs premières, qui ne sont jamais « fautes », et je fais des lignes d’écolier pour peu à peu corriger cette orthographe que d’autres parmi les lettrés abhorrent. Je n’ignore ni le jour funeste, le lundi 8 mai 1673, où les académiciens prirent la décision d’adopter une orthographe unique, ni le florilège d’incohérences orthographiques qui fait le délice des linguistes pervers. Je sais bien que les poules du couvent ne couvent que des œufs sans germes et que l’abbaye regorge de jeunes cobayes novices, mais quand même, un brin malicieux, je continue à lire et à tirer pour mon petit-fils, les fils des aventures de Petit Ours Brun.        Enfin bonne pâte j’utilise ma patte pour tracer à nouveau à la bombe de peinture rouge ce slogan jouissif  de mai 68 : l’Ortografe est une mandarine !

un collage d’avant le déluge

DESSINE MOI UN ARBRE

pour Sylvie Gate

 http://eloge-de-l-arbre.over-blog.com/ 





Dessine-moi un arbre

dans la bourrasque

l’épouvante engendrée

par le chaos climatique





Dessine-moi un arbre

la flamme qui jaillit

d’un cyprès ou d’un if

menacés d’incendie





Dessine-moi un arbre

un mirage amoureux

un nuage d’écorces

où l’on inscrit nos vœux





Dessine-moi un arbre

de collines en collines

un arbre de maraude

et de frémissements





Dessine-moi un arbre

qui respire sans bruit

musique minimale

traversée de nos nuits





Dessine-moi un arbre planant

un arbre sans langue de bois

et sans forêt de symboles





Dessine-moi un arbre

sorti du fond des âges

d’un temps où le non-temps

nous abolit





Dessine-moi un arbre

suspendu impalpable

virtuel et réel

plein et délié





Dessine-moi un arbre

de l’Univers entier

illuminant le texte

de son immensité





Dessine-moi un arbre

en attente de sens