Filer la métaphore, un filon,
Une veine creusée par un poète capricieux,
Quand d’autres se complaisent à leur guignon.
Filer la laine du temps défait
Sur le dos de nos bêtes disparues
Celles qui habitaient notre maison
Séparées de la cuisine
Par une mince cloison.
Filer Chronos,
Ce temps qui a filé
Un jour après l’autre,
Ses ans, ses décennies,
Son siècle bien pesé,
Ses animaux malades d’une peste transmise
En cette année deux mille vingt
À des humains
Qui n’en peuvent mais.
Mai mai mai
Au joli mai
Aurons-nous enfin
Guéri ?
31/01/2021
FILER MES VERS
Cinq siècles après comme le bon Marot,
Me voilà moi aussi dans ce petit jardin,
Que j’ai recouvert d’arbres, de haies,
de fleurs qui sentent l’été et d’une vigne
qui monte sur la pergola,
qu’un ferronnier m’a posée.
Loin de toute fausse querelle qui sature
l’espace public, de ceux et celles, qui pour exister,
ont besoin chaque jour de chercher noise,
mais sans crainte, encore heureux, que l’on vienne,
pour mon athéisme, me persécuter.
Et cependant préoccupé comme le fut Clément,
par l’avancée irrésistible de la Censure,
avec ses alliés historiques qui se renforcent
au vent mauvais des « passions tristes » :
les chefs d’état nationalistes et sans contrôle démocratique,
les Religieux qui lisent leur texte sacré, comme si c’était vrai,
et les fanatiques qui font de leur cause
la négation de tout Universalisme.
J’oublie. Une cigale maintenant résonne,
et me somme de me remettre à filer mes vers :
C’est cette activité sur « soy-mesme », me dit Marot,
« qui fait à l’homme, heureuse vie avoir ».
20/07/2020