ÉCRIRE OU COMMENT DIRE ?

Écrire : tentative d’accroître son identité ?
On peut le dire ainsi,
Y compris s’il s’agit de choses écrites à la manière de Francis Ponge : on est alors l’espace d’un texte cageot, verre d’eau, crevette, voire, figue de paroles.
Écrire des notes de bas de pages pour subsister ou donner le change quand on doit maquiller son identité, juif à Trieste ou dans le ghetto de Varsovie.
Écrire au facteur pour qu’il accélère sa tournée quand seul, isolé, en milieu hostile, on reçoit des lettres du monde entier qui parlent, d'amour et de fraternité.

***

Une suite d’une correspondante depuis son petit bout du monde

Je vous écris d’un petit bout du monde.

Ici, inutile de presser le facteur comme une orange,

La lettre pourrait arriver, en quatre jours, de l’autre bout de la planète bleue.

Hélas, il ne suffit pas d’attendre que votre correspondant réponde.

Si, en train, nous avons le choix entre deux classes,
en poste, seule change la durée du voyage.

Les lettres du monde entier qui parlent, d’amour et de fraternité prennent leur temps

Dominique C.

ALORS ÇA MARCHE LA POÉSIE ?

Telle une île

Ce texte

écrit au ghetto

de la Cité du Livre

en sortant

des méandres

de la nuit





Entouré de silence

Paradoxal

Imaginant les retouches

De ses deux ou trois lecteurs

Qui l’annotent

Dans leur tête





Telle une île

Mise en page

Par ses acteurs

Passant

Le pont des soupirs

Les yeux bandés

Tant leur mémoire est vive

Des odeurs et des sons

Des matières peintes

Ou jetées à la fresque





Et telle la bouche d’ombre

Balbutiant

Sous l’œil des Barbares

– Alors, ça marche la poésie ?